Télécharger le Bilan des saccages des JOP de Paris 2024
Télécharger la Synthèse du bilan des saccages des JOP de Paris 2024
Pourquoi faire un bilan ?
Dresser un bilan des Jeux de Paris 2024 est impossible et indispensable. Impossible, car l’ampleur de l’évènement et ses ramifications dans les nombreuses strates de la société le rend forcément opaque et insaisissable. Nous ne pourrons jamais avoir une connaissance exhaustive des impacts provoqués par les Jeux Olympiques. Comment savoir combien de personnes ont fui l’Île-de-France ? Combien ont dû renoncer à des déplacements ne pouvant plus payer un ticket de métro à 4 euros ? Combien de familles ont renoncé à prendre le frais dans le parc à côté de chez elles car celui-ci était occupé par une fan zone ? Combien de personnes ont passé l’été à étouffer dans leur appartement sans ouvrir les fenêtres, à cause du bruit incessant des sirènes de police et des hélicoptères qui tournaient toute la journée ? Combien de personnes n’ont pas bénéficié des soins nécessaires car bloquées par les interdictions de circuler ? Combien partiront de leur logement devenu trop cher ? La liste des questions est déclinable presque à l’infini.
Dresser un bilan des Jeux de Paris 2024 est néanmoins indispensable. Car quoique nous fassions, un bilan sera dressé par les organisateurs et organisatrices. Et ce bilan nous le connaissons déjà : tout c’est bien passé, tout a été incroyable, les Jeux de Paris 2024 ont été les meilleurs de l’histoire, ceux qui critiquaient étaient des rabats-joies, les Jeux ont apporté la paix et la joie, vivement les Jeux des Alpes ! Ce discours a été claironné dés la seconde qui a suivi la cérémonie de clôture, en réalité, il était martelé depuis le début des Jeux et c’est d’ailleurs à chaque fois ce qu’il s’est passé lors les éditions précédentes.
Ainsi, si la lutte contre l’organisation des Jeux est fini, commence la lutte des récits.
Ce combat est primordial. Les Jeux olympiques se transportent à chaque fois tranquillement sous d’autres cieux et arrivent comme s’ils étaient sans histoire. Le Comité international olympique va saccager d’autres lieux, s’accoquiner avec des dictatures, avec des pseudo-démocraties, il va déverser son béton, expulser, matraquer, prendre la caisse et repartir plus loin voir s’il n’y a pas d’autres bonnes affaires à faire. Il entend revenir en France dés 2030.
C’est pour cela que nous avons écrit ce bilan. Nous ne voulons pas laisser au gaspilleur le soin de dire qu’il est vertueux, au saccageur de la démocratie qu’il en est le garant, au détourneur d’argent public qu’il est sobre et qu’il travaille pour l’intérêt général, et qu’en plus il porte de belles valeurs, incontestables et porteuses de paix.
Nous avons tenté de démêler l’écheveau de cet évènement énorme, aux conséquences multiples et profondes. Dans ce but, nous avons privilégié cinq parties : saccage économique, saccage social, saccage écologique, saccage démocratique et saccage validiste. Nous savons que ce bilan n’est pas exhaustif, mais nous avons essayé de le faire le plus complet possible et de recenser tout ce qui ne va pas dans ces Jeux Olympiques et Paralympiques. Nous essayerons de mettre à jour ce bilan à chaque fois que de nouvelles informations seront révélées dans la presse.
Plutôt que de se demander si les Jeux de Paris 2024 ont été une réussite, la question à se poser pour nous est : à quel coût ? Car si de nombreuses personnes ont « vibré » devant les exploits sportifs, cela n’a été possible qu’en détruisant des espaces naturels, en réprimant les plus précaires et en bâillonnant la démocratie.
À l’affirmation que les Jeux ont réconcilié la police et la population, nous opposons que la Défenseure des droits a été saisie au sujet des Jeux de Paris 2024 concernant une violation des droits au respect de la vie privée, à la liberté d’expression, de la presse, d’opinion et de manifestation et enfin à la liberté de circulation et le droit à un procès équitable.
Nous ne laisserons pas dire que les Jeux de Paris 2024 ont été une réussite, ils ont été un saccage total.
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Première Partie : Saccage Économique
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S’il est beaucoup trop tôt pour pouvoir faire un bilan économique précis des JOP,
assez de données nous sont cependant connues qui nous permettent de dire
que les Jeux de Paris 2024, comme toutes les éditions précédentes depuis au moins
les années 1960, ont été un saccage économique.
Une certitude : le budget n’a pas été tenu – ce qui d’ailleurs n’a plus été le cas pour
aucun Jeux depuis ceux de Los Angeles de 1984. Si nous ne connaissons pas
le budget final des Jeux, (la Cour des comptes n’ayant prévu de sortir son rapport
sur le sujet que dans un an), les estimations d’économistes parlent déjà au bas mot
d’un triplement du budget initial.
Plus largement, nous sommes loin des promesses de Jeux populaires accessibles
à tous et toutes et aux retombées économique extravagantes (le chiffre avancé
de dix milliards d’euros de retombées est totalement invraisemblable 1). Les Jeux
de Paris 2024 ont été un gaspillage d’argent public sans commune mesure. Nous
n’avons aucune idée de la manière dont cette facture sera financée. Le président
Emmanuel Macron a promis en 2022 qu’il n’y aurait pas d’impôt JOP 2, mais cela ne
serait pas la première promesse non-tenue, pas plus qu’ont été tenues aucune des
promesses faites dans le domaine économique, ni pratiquement dans aucun autre.
Deuxième partie : Saccage Social
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Les JOP sont l’occasion de mener une politique visant à modifier profondément
la sociologie des habitant·es, particulièrement dans une ville comme Saint-Denis
qui reçoit depuis des décennies des populations précaires et/ou peu dotées pour
attirer des populations de classes moyennes plus aisées, phénomène connu sous
le terme de « gentrification ».
Ils auront été aussi l’occasion pour les pouvoirs publics d’accentuer une chasse
aux précaires d’autant plus féroce qu’il s’est agi de transformer les lieux dédiés
aux JOP en carte postale pour les touristes du monde entier. Chasse aux précaires,
interventions policières violentes contre les migrant·es, harcèlement et brutalités
contre les travailleuses du sexe, arrestations préventives, garde-à-vue arbitraires,
interdictions de manifester, sans oublier le piétinement du droit du travail et
l’exploitation des personnes les plus en difficulté, rien n’aura été épargné pour ces
Jeux proclamés comme étant les « plus inclusifs » par leurs promoteurs béats.
Allons explorer la réalité anti-sociale de ces Jeux, qui, dans ce domaine là non plus
n’ont tenu aucune de leurs promesses.
Troisième partie : Saccage Écologique
Bilan des Saccages Écologiques
« Les Jeux de Paris seront les plus verts de l’histoire » nous a-t-on répété en amont
de l’événement. Si les belles promesses écologiques ont vite été perçues comme
autant de mirages, il est encore difficile de se rendre compte du saccage écologique
qu’ont été ces Jeux olympiques et paralympiques.
Destruction des jardins ouvriers d’Aubervilliers, de l’aire des vents à la Courneuve, du bois de Taverny, des milieux boisés à Élancourt ou des roseaux à Vaires-sur-Marne, encerclement du groupe scolaire Anatole France par une bretelle d’autoroute, destruction des coraux à Tahiti, bétonisation à Marseille et autres méfaits encore : les JOP ont saccagé les espaces verts et naturels des banlieues parisiennes, Marseille et Tahiti tout en faisant attention à bien préserver le patrimoine de Paris intra-muros.
De plus, la pollution engendrée par l’événement est monumentale : 1,58 million de CO2 émis (estimation basse), 17 000 smartphone offerts aux athlètes, 2 650 voitures électriques pour les transporter, 6 millions de bouteilles en plastique et des milliers de publicités à tous les coins de rue ne sont que les aspects les plus visibles de ces pollutions. Les malheureuses mesures de « compensations carbone » apparaissent
bien ridicules au regard des pollutions commises, au demeurant largement
prévisibles voire annoncées.
Quatrième partie : Saccage Démocratique
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La Quadrature du net résume selon nous très bien ce qui s’est passé durant les JOP : « Ici c’est une application massive et plus que dangereuse qui s’est concrétisée au prétexte de sécuriser les Jeux olympiques. Le système tentaculaire du contrôle policier et de la multiplication des fichiers de police montre une nouvelle efficacité : être en capacité – à très grande échelle – d’exclure, isoler, contraindre des individus et de les priver de leurs libertés en dehors de tout cadre judiciaire et par des décisions administratives arbitraires. Cela peut se faire en dehors de toute condamnation passée ou dans une forme de » double peine » possible à vie pour des condamnations pourtant très limitées. Loin de toute mesure supposément » ciblée » – comme le gouvernement aime le laisser entendre, il s’agit bel et bien d’une surveillance massive de la population sur laquelle est opérée un tri arbitraire et politique.
Cette discrimination politique s’accompagne de la répression et invisibilisation de toute forme de critique des Jeux olympiques. Des personnes ont été assignées à résidence, des manifestions ont été interdites sur le parcours de la flamme, des militant·es ont été arrêté·es notamment pour avoir collé des stickers dans le métro ou ont été considéré·es comme saboteur·ices pour des bottes de paille, tandis que des journalistes ont été en garde à vue pour avoir couvert une visite symbolique des dégâts causés par les Jeux en Seine-Saint-Denis, menée par Saccage 2024. Cette répression inquiétante s’inscrit dans la continuité des discours et volontés politiques visant à criminaliser toute forme d’activisme. »
Cinquième partie : Saccage Validiste
Les JOP de Paris ont été d’une grande violence pour les personnes handicapées. D’une part parce qu’elles ont aussi subi les saccages écologiques, sociaux et démocratiques et d’autre parts parce que aucunes des promesse d’accessibilité des Jeux n’a finalement été mis en place, notamment en terme de transport. De plus, les Jeux paralympiques et leur traitement médiatique ont donné lieux à de nombreux discours validistes basés sur l’inspiration porn. Et malgré toute l’attention médiatique autour du sujet du handicap qu’à permis la compétition, peu de personnes handicapées ont vraiment eu droit à la parole et aucune de leur luttes menées n’a été mentionné.