6 Février : Présentation contre les JOP de Milan !

Le 6 février nous serons à 2 ans exactement du début des JOP de Milan 2026.

Pour l’occasion, les camarades italiens prévoient de nombreuses actions et ont lancé un appel à actions décentralisées.

Saccage 2024 décide de répondre à cet appel en proposant une présentation publique centrée sur les Jeux de Milan 2026 et plus largement sur les Jeux d’hiver (notamment Alpes 2030), pour bien comprendre les Saccages que ceux-ci sont déjà en train d’engendrer.

Cette présentation aura lieu à la Bourse du travail d’Aubervilliers, en soutien à la bourse occupée ! La bourse du travail d’Aubervilliers est un bien commun : défendons là !

On vous attends nombreu.ses !

Non aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Milan ! Ni ici, ni ailleurs

https://www.agendamilitant.org/Non-a-Milan-2026-presentation-contre-les-Jeux-d-hiver.html

Liens pour retrouver les actions des copaines italiennes :

https://www.facebook.com/comitatoinsostenibiliolimpiadi/

https://cio2026.org/

 

Versione italiana :

Il 6 febbraio compiremo esattamente 2 anni dall’inizio delle JOP di Milano 2026.

Per l’occasione i compagni italiani prevedono numerose azioni e hanno lanciato un invito ad azioni decentrate.

Saccage 2024 decide di rispondere a questo appello proponendo una presentazione pubblica incentrata sui Giochi di Milano 2026 e più in generale sui Giochi invernali (in particolare Alpi 2030), per comprendere bene i Saccheggi che questi stanno già generando.

Questa presentazione avrà luogo alla Borsa del lavoro di Aubervilliers, in sostegno alla borsa occupata! La borsa del lavoro di Aubervilliers è un bene comune: difendiamola !

Siete tutti in attesa !

No alle Olimpiadi e Paralimpiadi di Milano ! Né qui né altrove

Notre tribune dans Le Monde: Nous réclamons un référendum sur la candidature des Alpes françaises aux Jeux olympiques d’hiver 2030

Trouvez ci-dessous notre tribune intégrale publier dans Le Monde le 12 octobre 2023.

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Si les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur ont officialisé leur candidature aux Jeux d’hiver 2030, c’est parce que les autres ont refusé, explique un collectif d’organisations et de particuliers dans une tribune au « Monde », qui questionne leur légitimité dans un contexte de réchauffement climatique.

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La France est en train de devenir la sauveuse du mouvement olympique : sans attendre le succès ou l’échec des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) 2024 dans la capitale, les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur ont officialisé leur candidature aux Jeux d’hiver 2030.

Si un comité national olympique se retrouve dans la situation de peaufiner le dossier de leur candidature aux Jeux olympiques d’hiver en préparant les Jeux d’été imminents – un cas rarissime –, c’est parce que le Comité international olympique (CIO) ne peut pas trouver d’hôte fiable ailleurs.

L’industrie du ski dans les Pyrénées espagnoles a brièvement soutenu la candidature des Pyrénées-Barcelone, mais les opposants ont mobilisé cinq mille manifestants le 15 mai 2022, avec le slogan « Per un Pirineu Viu, Aturem els JJOO d’hivern ! » (« Pour des Pyrénées vivantes. Arrêtons les Jeux olympiques d’hiver »). Le mois suivant, l’Espagne a abandonné sa candidature. Vancouver (Canada), ville hôte en 2010, a montré son intérêt, mais le gouvernement de Colombie-Britannique a refusé de dépenser des milliards de dollars pour deux semaines de sport.

Après des abandons successifs devenus coutumiers désormais, le CIO comptait sur une ville japonaise, Sapporo, mais les critiques contre le mouvement olympique y sont très fortes, à cause notamment d’un scandale de corruption autour des Jeux de Tokyo. Il a été donc obligé de modifier le délai normal, à savoir l’attribution des Jeux sept ans avant, pour gagner du temps.

C’est dans ce contexte qu’un membre français du CIO, Guy Drut, a proposé une candidature commune des deux régions alpines de la France. Les deux présidents desdites régions, Laurent Wauquiez et Renaud Muselier, se sont mis d’accord et ils ont rencontré le président du CIO, Thomas Bach, le 7 septembre.

Donc, si la France organise les JOP d’hiver 2030, c’est parce que les autres ont refusé. C’était exactement pour la même raison que Paris a eu ses Jeux d’été. Pendant la candidature de Paris, la population n’a jamais été consultée. Or, à l’époque, quelques voix ont réclamé un référendum, à l’instar de Hambourg (Allemagne), une autre ville candidate aux JOP 2024, où les habitants ont exprimé leur rejet avec 51,7 % des votes « Nein ».

Sept ans plus tard, nous nous sentons obligés de reprendre la même démarche. Nous réclamons un référendum autour de la candidature des Alpes françaises aux JOP d’hiver 2030.

Nous croyons que cette demande est légitime. Non seulement parce que nous avons désormais découvert, avec Paris 2024, l’ampleur des impacts que les Jeux peuvent produire sur nos espaces verts, nos libertés publiques et nos droits sociaux. Mais aussi parce que c’est le CIO qui a évoqué lui-même la possibilité d’un référendum systématique.

Par rapport à l’accumulation des « non » dans les villes où un vote a été tenu (Munich, Davos, Cracovie, Hambourg, Calgary et Sion), John Coates, le vice-président du CIO, a dit en 2018 : « Pour les pays où le référendum est en vigueur, cette question doit être réglée avant de se présenter comme candidat auprès du CIO (…). Ce n’est pas quelque chose de plaisant, nous voulons désormais éviter cela. » C’est ainsi que le CIO essaie d’imposer que les villes ou les régions organisent un référendum avant de candidater.

Mais nous n’avons pas à accepter que l’imposition d’un référendum préalable se traduise par l’interdiction d’un référendum postérieur au lancement dans la course, d’autant plus que les populations ne sont nullement consultées sur la candidature en amont, et que la discussion entre le CIO et les élus français a commencé très discrètement en coulisses, sans écho médiatique.

Plus fondamentalement, nous ne croyons pas que le CIO ait le droit de dicter la vie publique d’un pays. Nous souhaitons avoir un débat public sérieux sur ce point aussi. De quel droit en effet une organisation non gouvernementale suisse peut-elle imposer ses règles aux Etats souverains ?

Nous voudrions aussi questionner la légitimité des Jeux d’hiver dans le contexte du réchauffement climatique. Depuis un certain temps, plusieurs études scientifiques pointent la non-durabilité des Jeux d’hiver. L’une des plus récentes, publiée dans la revue Current Issues in Tourism en janvier 2022, a montré qu’une seule ville, parmi les anciens hôtes, serait encore capable d’accueillir les JOP d’hiver à la fin du siècle, sans réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre : Sapporo.

Si nous continuons à réchauffer la planète avec nos vieilles pratiques, comme d’organiser des événements polluants et non essentiels à grand renfort de neige artificielle, et si les Japonais n’acceptent pas que leur ville devienne le site permanent des Jeux d’hiver, ceux-ci devront cesser d’exister tôt ou tard.

Les Jeux d’hiver sont à la fois victimes et accélérateurs du réchauffement climatique. Plus la planète se réchauffe, plus la neige se raréfie, et plus les Jeux deviennent dépendants d’un ersatz polluant.

Cependant, dans un entretien accordé au quotidien Le Parisien, le président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), David Lappartient, a fait preuve d’un ultracrépidarianisme [l’art de parler de ce que l’on ne connaît pas] exemplaire, en affirmant avec aplomb : « Oui, on aura de la neige ». Dans la tribune publiée par Le Dauphiné libéré, les élus des Alpes du Sud déclarent : « Les Jeux, c’est l’opportunité de donner un second souffle à nos infrastructures, à notre aménagement, à nos hébergements touristiques et permanents », tandis que Laurent Wauquiez promet les « premiers JO d’hiver durables ».

Le référendum serait une occasion d’aborder leurs arguments. Car enfin : est-ce que la vertu économique des Jeux d’hiver est toujours d’actualité ? Est-ce un modèle économique à défendre ? Voulons-nous vraiment de nouvelles pistes de bobsleigh ? Et des tremplins de saut à ski ? Leur ratio utilité/carbone est-il convenable ?

Ces enjeux doivent faire l’objet d’un vrai débat public. Il est légitime et urgent de réclamer que les populations soient informées loyalement, pour qu’elles puissent décider.

Retrouvez la liste complète des signataires ici.

Comment ont lutté les autres villes ?

Ici on rassemble la chronologie des actions menées par des collectifs qui ont lutté contre les JOP ailleurs dans le monde. Pour commencer : Vancouver en 2010 et Rio de Janeiro en 2016.

Ce qu’on a pu apprendre de tous ces échanges, c’est que les luttes qui ont le mieux fonctionné sont celles qui ont eu lieu avant la candidature. C’est le cas à Hambourg pour la candidature des JOP 2024, via un référendum pour lequel le collectif Nolympia Hambourg a fait une grosse contre propagande qui a marché. C’est le cas aussi en Pyrénées catalanes plus récemment, pour les JOP 2030. La mobilisation lancée par Plataforma STOP JJOO a été telle que la région a retiré sa candidature. D’où l’importance si vous êtes en région PACA de soutenir la lutte du collectif NO JO PACA, qui résiste déjà à la candidature de la région pour les JOP d’hiver 2034.

Mais tout n’est pas perdu pour Paris en 2024 ! Voici une idée de comment d’autres villes-hôtes ont mené leurs luttes.

VANCOUVER 2010 : « La convergence des mouvements autour du moment olympique, plutôt que le mouvement social », Jules Boykoff, politologue américain

Longue haleine
 - 2001 : Pendant la phase de candidature, un comité de vigilance Impact on Community Coalition s’est formé (il tenait la position « neutre » par rapport aux Jeux)
 - 2002 : Opposants à la candidature s’organisent et forment No Games 2010 Coalition
 - 2003-2009 : No One Is Illegal, the Anti-Poverty Committee, the Power of Women Group, No 2010 Olympics on Stolen Native Land, Van.Act!, et Native Youth Movement … etc. rejoignent la lutte anti-JO, ou plus précisément, la convergence autour des JO. 
 - Février 2007 : Deux militants, dont un indigène, ont zbeulé l’Olympic Countdown Ceremony 
 - Mars 2007 : Native Warriors ont volé le drapeau olympique à l’Hôtel de Ville de Vancouver
 - Printemps 2008 : L’Olympic Resistance Network est né (force principale jusqu’à 2010)
    – 2008-2010 : Beaucoup d’actions ciblant McDo et la Banque Royale du Canada, sponsors des Jeux. 
Média alternatif et indépendant
    Vancouver Media Co-op, né du comité média & communication de l’Olympic Resistance Network. Avec plus de 40 journalistes indépendants, 16 articles par jour, 1 million de visites pendant le premier week-end. (http://vancouver.mediacoop.ca/olympics.html)
Autour de la flamme olympique
 - 23 janvier 2009 : Action banderole, intrusion dans l’hôtel de ville, occupation d’un McDo et d’une branche de la Banque Royale du Canada, contre le passage du relais à Stratford
 - 30 Octobre 2009 : Début du relais. « ZOMBIE March » ; Zbeul du relais par No 2010 Victoria d’environ 150 personnes
 - 24 novembre 2009 : L’Olympic Resistance Network a publié le communiqué : « Extinguish the Olympic Torch! » => suivi par de nombreuses actions un peu partout au Canada
 - 17 janvier (Golden) – 7 février (Vancouver) 2010 : Relais de la « torche des pauvres » (qu’on garde à Paris en ce moment, après Londres, Sochi, Rio, Pyeongchang et Tokyo)
Dernières mobilisations
 - 12 février 2010 : Cérémonie d’ouverture 
 - 12-13 février : Manif appelée Heart Attack March, ressemblant à Seattle 1999 (casse des fenêtres d’un sponsor, la Compagnie de la Baie d’Hudson ; saccage da la Banque Royale du Canada)
    – 14 février : action de solidarité à Calgary, saccage d’un McDo
 - 15 février 2010 : Manif et occupation du parking ; Olympic Tent Village d’environ 100 personnes installé, inspiré par « Les Enfants de Don Quichotte » (prévu pour cinq jours mais prolongés au-delà des Jeux) ;
 - 12-26 (?) février 2010 : Forum « Evening News », tenu tous les deux soirs pendant les Jeux à VIVO Media Arts Centre : un rôle important pour la médiation entre les différentes cultures politiques (Black Bloc contre ONG …)

RIO DE JANEIRO 2016 : « Vous ne voudrez pas porter un blazer de la FIFA au Brésil. Vous vous ferez renverser », Andrew Jennings, journaliste britannique

    
Longue haleine
    – 2 octobre 2009 : Petite manif d’une dizaine de personnes à Copacabana Palace contre l’attribution des Jeux à Rio, tandis que 300 000 personnes fêtent au même endroit 
    – 2011 (?) : Le Comitê Popular da Copa e das Olimpíadas, la coalition inter-orga est née (force principale jusqu’à 2016)
    – 3 décembre 2013 : Le prix Urban Age Award a été décerné au « Projet populaire de la Vila Autodromo », un plan d’urbanisation réalisé par les habitants de ce favela d’environ 600 personnes
    – 26 mars 2014 : La démolition de la Vila Autodromo commence
    – Juin 2014 : « Depuis le coup d’envoi du Mondial, le 12 juin, des rassemblements ont été organisés dans la plupart des villes où se disputaient des matchs, mais n’ont rassemblé que 200 personnes en moyenne dans ce pays de 200 millions d’habitants. » (Le Monde)
    – 3 juin 2015 : Une tentative de démolition a blessé des habitants de la Vila Autodromo
Média alternatif et indépendant
    RioonWatch.org, plateforme d’information locale lancée en 2010, produit énormément d’articles en portugais et anglais. « Ce n’était pas une plateforme explicitement anti-olympique, mais à travers toutes les histoires recueillies dans les favelas de Rio, elle a fini par présenter cette perspective très critique des Jeux Olympiques et montrer comment ils causaient un réel préjudice à ces communautés. » (CP Robertson, ex-reporter)
    
A l’approche des Jeux
    – 18 juin 2016 : Déclaration de « l’état de la calamité publique » par l’État régional de Rio, autorisant à adopter toutes les mesures exceptionnelles nécessaires à la rationalisation des services publics essentiels, en vue de la réalisation des JO => Grèves des fonctionnaires
    – 28 juin : Action banderole des policiers et pompiers à l’aéroport international de Rio : « Welcome to Hell: Police and Firefighters don’t get paid, whoever comes to Rio de Janeiro will not be safe »
    – 5 juillet : Événement appelé « la calamité olympique : à 30 jours des Jeux d’exclusion » devant l’Assemblée législative de Rio de Janeiro
    – 6 juillet : Manif appelant au boycott des Jeux, milliers de manifestants 
Semaine des mobilisations appelée « Jeux d’exclusion (Os Jogos Da Exclusão) »
    – 1 août 2016 : Début de la semaine avec Vigília da Dignidade à Cinelândia (un truc écolo ?)
    – 2-4 août 2016 : Plusieurs événements (débats, projections, expo …) à l’institut de philosophie et de sciences humaines d’Universidade Federal do Rio de Janeiro :
        2 août : Espace publique et environnement / Services publics et calamité olympique / Militarisation et racisme dans la ville olympique
        3 août : Nettoyage des espace publiques / Sport : marchandise ou droit? / Femmes et droit à la ville
        4 août : Logement et droit à la ville / Droit au travail / Média, communication et mega-événements
    – 5 août 2016 : Cérémonie d’ouverture. Manifs, l’une très grande contre le gouvernement à la plage Copacabana, organisée par les syndicats, avec 100 000 personnes. L’autre plus petite, près du stade Maracanã, explicitement anti-JO, avec 1 000 personnes, organisée par le Comitê Popular.

Un cadre des JO de Los Angeles 2028 à la tête du bureau de la maire ? Tout va bien !

– Traduction d’un communiqué publié par NOlympics L.A –

Chris Thompson a passé les deux dernières années à faire du lobby sur les gouvernements fédéral, étatique et local pour engraisser la machine à accaparer les terres, irrassasiée des profits et bonne à gonfler le budget de la police connue sous le nom de Jeux Olympiques de Los Angeles 2028. Maintenant, la nouvelle maire de LA, Karen Bass, l’a nommé chef de cabinet. Cool cool cool.

 

Un cadre du comité d’organisation des Jeux qui dirige le bureau de la maire ! qu’est-ce qu’il y a de mal là dedans ?

 

Karen Bass affirme que la lutte contre le mal logement et les loyers inabordables sont les principales priorités de son administration. Mais pour LA28, le comité d’organisation des Jeux olympiques, la priorité n’est pas de placer les Angelenas·os sans logement en lieu permanent, sûr et digne – c’est de supprimer les sans-abris[1] et la pauvreté visibles avant que les médias internationaux n’arrivent en ville. Et les JO ont déjà déclenché une frénésie de développement immobilier[2] qui déplace les locataires et fait grimper les loyers. Ces JO, comme tous les JO, remplacent les habitant·x·es par les touristes et la population par le profit.

 

Nous savons depuis longtemps que Karen Bass soutient le projet olympique, mais son choix pour le poste de chef de cabinet présente un conflit d’intérêts plus flagrant que tout ce qui a été tenté par son prédécesseur Eric Garcetti, dont les efforts de privatisation les plus flagrants ont été menés par le biais d’organisations à but non lucratif[3] en orbite autour du bureau du maire. Un porte-parole de Bass affirme que Thompson « ne participera pas aux questions concernant les Jeux olympiques pendant la première année de son service ». Cette affirmation n’est pas crédible, étant donné le nombre d’aspects de la politique de la ville de LA (du logement et des sans-abris à la police et aux parcs) qui sont touchés par les préparatifs des Jeux olympiques. Et pourquoi l’intérêt de Thompson à collaborer avec ses potes de LA28 disparaîtrait-il après un an ? il est sur le point de gagner plus d’argent qu’il ne pourrait jamais avoir à l’hôtel de ville en travaillant pour le LA28.

 

Pendant ce temps, le nouveau bureau du maire sera redevable aux puissants membres du comité de LA 2028 et aux boosters de campagne comme le milliardaire Jeffrey Katzenberg[4], qui a financé l’effort d’élection de Bass – après avoir fait pression sur les dirigeants locaux pour criminaliser les mal logé·x·es.

 

Grâce aux récentes écoutes révélées du FBI[5], nous avons appris que le maire et les bureaux de Nury Martinez travaillaient avec LA28 et les Rams[6] sur un deal discret sur le bassin de Sepulveda, un plan qui menacerait (et éventuellement vendrait) l’un des plus grands espaces verts de la vallée. Quel genre d’accords dangereux seraient conclus avec un lobbyiste LA28 travaillant comme chef de cabinet de la maire ?

 

Nous avons besoin d’un bureau de la maire qui protège Los Angeles des JO, et non d’un bureau qui réponde aux caprices du comité privé LA28 et aux plans de profit des boosters. Les Angelenas·os n’ont jamais eu la chance de voter contre l’accueil des Jeux olympiques, mais ce mois-ci, ielles ont voté sur la proposition SP, une taxe massive sur les parcs qui a été décriée par les opposant·x·es dans le guide officiel de l’électeurice de la ville comme une taxe olympique déguisée. C’était la première fois que les Jeux Olympiques étaient sur le bulletin de vote, et ils ont été rejetés à une écrasante majorité.

 

On ne veut pas des Jeux ici. Et on veut certainement pas que les lobbyistes de LA28 dirigent notre ville.

ANNULEZ LES JEUX DE LOS ANGELES 2028.

 

[1]     https://www.watson.ch/fr/international/sport/827492547-super-bowl-2022-a-los-angeles-les-sans-abris-doivent-disparaitre

[2]     cf. les expulsions locatives dans le quartier Exposition Park (qu’on peut désormais nommer Expulsions Park 🙃) provoquées par le projet “The Fig”, un soit-disant éco-bâtiment gigantesque incorporant hôtellerie, bureaux, chambres étudiantes

[3]     Depuis son élection à la mairie, les archives ont montré que Garcetti a utilisé un mécanisme d’importants dons pour collecter 31,9 millions de dollars via ses causes favorites. Dons de la part de particuliers·ères, d’entreprises et de fondations, dont certaines ont remporté des contrats importants et des autorisations cruciales de la ville ces dernières années.

[4]     Producteur, co-fondateur de DreamWorks derrière Shrek notamment.

[5]     https://www.lemonde.fr/international/article/2022/10/12/nury-martinez-presidente-du-conseil-municipal-de-los-angeles-demissionne-a-la-suite-de-propos-racistes_6145450_3210.html

[6]     équipe de Los Angeles de football américain

Les Jeux Olympiques de Séoul 1988 et ses camps de concentration pour « vagabonds »

Ce dossier revient sur un épisode méconnu de l’histoire de la Corée du Sud. Durant les années 1960 et 1980, des institutions furent créées dans le pays afin d’enfermer de prétendus « vagabonds ». Le but était de nettoyer les rues, notamment en vue des Jeux olympiques de Séoul de 1988. Ces institutions, par leurs cruautés et leurs manquements aux droits humains, peuvent être comparées à de véritables camps de concentrations. La plus célèbre d’entre elles se nomme le Brothers Home welfare center.

Pour relater ces faits, nous proposons ici la traduction par nos soins de deux articles de 2016 et 2022 du site états-uniens AP News, ainsi qu’un article de camarades militant·es anti-JO coréen·nes de Noolympic2018 de 2021.

Attention !
Les textes qui suivent relatent des scènes comportant de la violence verbale et physique, ainsi que des violences sexuelles notamment sur des mineurs.

 

Le dossier :

Les Jeux Olympiques de Séoul 1988

Coupe du Monde au Qatar : il est temps de prendre ses responsabilités

Depuis qu’en 2010 la Fifa a désigné le Qatar pour organiser le Mondial de foot, sur fond de pacte de corruption, au moins 6 500 ouvriers d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka ont succombé à des accidents : chutes, crises cardiaques, stress thermiques lors de la construction des infrastructures du Mondial sous l’effet de conditions de travail terribles. Ce chiffre est certainement sous-évalué car on ne se sait rien de plusieurs dizaines de milliers de forçats provenant des Philippines et du Kenya.

Mais dans le royaume de l’esclavage moderne, les femmes ne sont pas oubliées : recluses dans les villas des riches familles qataries, les travailleuses domestiques étrangères subissent des abus et des violations systémiques : conditions de travail inhumaines, asservissement vingt heures par jour en moyenne, sept jours sur sept, rouées de coups, d’insultes et laissées sans salaires pendant des mois.

Tous et toutes sont victimes du système féodal de « parrainage » le kafala (un système présent aussi dans les autres pétromonarchies du Golfe) où l’employeur dispose des pleins pouvoirs sur son employé. Officiellement abolie en 2020, il continue de faire des ravages tant l’impunité reste la norme. Et ce n’est pas comme si on ne le savait pas : depuis d’attribution du Mondial, les ONG dénoncent cet esclavage.

De plus, ce pays est connu pour la position extrêmement dégradée des femmes traitées comme des mineures. Les droits des personnes LGBT+ sont inexistants, l’homosexualité étant carrément punie de mort pour les musulmans et de 7 ans de prison pour les autres. Globalement, les identités de genre sont niées et réprimées.

Ce n’est pas tout : l’aberration consistant à confier à un pays désertique l’organisation d’une compétition sportive se concrétise par la construction d’infrastructures doublement polluantes, d’abord par leur construction, puis parce qu’il est prévu que les stades soient climatisés. Mesure-t-on réellement le crime que constitue de climatiser des infrastructures aussi énormes que des stades ?

Rien n’y fait : la Fifa fait semblant de croire les communicants stipendiés du Qatar qui, contre toute vérité, affirment que cette monarchie rétrograde se serait bien améliorée grâce à la venue du Mondial. Cette affirmation pourrait prêter à rire si elle n’était pas écoeurante de cynisme.

Nous appelons les responsables politiques et la presse à la responsabilité. Alors que la compétition s’ouvre dans moins de deux mois, nous exigeons le boycott diplomatique et sportif de la France.

Nous exigeons également que la presse ne couvre pas les évènements et profite de leur audience pour dénoncer les aspects meurtriers, liberticide et écocide de cette coupe du monde.

BOYCOTT QATAR 2022 !

Les Jeux olympiques sont mondialement mobiles. Maintenant, le mouvement anti-olympique l’est aussi.

Compte rendu des rencontres internationales :


Articles écrit (en anglais) par Jules Boykoff dans « Jacobin.com »

Traduit par le collectif.

Les villes hôtes des Jeux olympiques connaissent une montée de l’embourgeoisement, de la surveillance policière et de la destruction de l’environnement. Les militants anti-olympiques ont organisé leur deuxième sommet transnational à Paris le week-end dernier pour mettre un terme aux destructions des Jeux olympiques.

« Les Jeux olympiques sont toxiques. Nos objectifs sont d’arrêter les Jeux olympiques et d’abolir le Comité international olympique », a déclaré C.P. Robertson du groupe anti-olympique NOlympics LA (de Los Angels). Elle a été suivie par Satoko Itani, une universitaire et militante japonaise, qui a souligné que « la lutte contre les Jeux olympiques est un travail difficile ».

Ils se sont exprimés à Paris lors de la session finale du deuxième sommet international anti-olympique, qui a rassemblé des groupes anti-olympiques des anciennes villes olympiques, des futurs hôtes et des villes candidates à l’organisation des jeux.

Les militants venus du monde entier pour assister à l’événement à l’Université de Paris sont aussi celles et ceux qui sont descendus dans la rue pour protester contre les Jeux olympiques à Londres, Rio de Janeiro, Tokyo, Los Angeles, Barcelone-Pyrénées, Hambourg et Paris même. La réunion représentait la gauche de la résistance anti-olympique. Les sessions ont porté sur l’écoblanchiment, le maintien de l’ordre et la surveillance, mais aussi des retours de terrain des militants vivant ou travaillant dans les villes hôtes des Jeux. Le sommet était organisé par Saccage, un collectif militant basé en Seine-Saint-Denis, une banlieue nord de Paris, qui lutte pour la défense des espaces publics malmenés par les Jeux olympiques d’été de Paris en 2024.

Le Comité international olympique (CIO) évoluant sur le monde entier, les militants tentent de reprendre à leur compte cette approche transnationale.

Au lieu de rassembler de manière temporaire des groupes qui déjà luttent contre la militarisation de la police, l’embourgeoisement et l’écoblanchiment dans les villes choisies pour accueillir les JO, puis les laisser revenir à leurs luttes militantes après les jeux, les organisateurs du sommet tentent de créer un mouvement anti-olympique qui puisse se déplacer d’un site à l’autre. En d’autres termes, ces militants tentent de forger un mouvement de mouvements qui soit stable plutôt qu’un moment de mouvements travaillant à court terme. Le premier sommet mondial anti-olympique a eu lieu à Tokyo en 2019.

Du tourbillon multilingue de français, d’anglais, d’espagnol et de japonais, trois thèmes clés ont émergé. Premièrement, les Jeux olympiques peuvent servir de point d’accroche pour les gens qui travaillent et permettre la radicalisation des points de vues politiques. La semaine précédant le sommet, Maria Escobet et Bernat Lavaquiol ont aidé à organiser une mobilisation de plus de cinq mille personnes contre la candidature de Barcelone-Pyrénées aux Jeux olympiques d’hiver de 2030. Lavaquiol a déclaré à Jacobin que leur groupe « utilisait la lutte contre les Jeux olympiques pour catalyser des discussions publiques autour d’idées plus importantes comme l’anticapitalisme ». Escobet a ajouté que la candidature olympique leur donnait l’occasion de relier des vallées géographiquement isolées dans les Pyrénées autour de questions importantes pour leur vie quotidienne.

Un deuxième thème est que le CIO, basé en Suisse choisissant les pays hôtes et supervisant les Jeux, est un allié utile. Le CIO a fait preuve d’un cynisme presque caricatural en organisant les Jeux de 2020 à Tokyo, alors que 83 % de la population japonaise s’y opposait, puis en supervisant les Jeux de 2022 à Pékin, alors que la Chine commet des violations extrêmes des droits humains à l’encontre des Ouïgours de la province du Xinjiang, des Tibétains et des militants pour la démocratie à Hong Kong. Frédéric Viale, membre du groupe anti-olympique NON aux JO 2024 à Paris, a qualifié le Comité international olympique de « trou noir de cupidité, de corruption et d’irresponsabilité ». Le CIO illustre parfaitement les pratiques d’accaparement des élites, que l’universitaire Olúfẹ́mi O. Táíwò décrit comme étant réalisée par « les quelques privilégiés orientant les ressources et les institutions pourtant là pour servir le plus grand nombre et qui sont détournées pour leurs propres intérêts et leurs objectifs étroits ». C’est ainsi que « les personnes socialement favorisées ont tendance à prendre le contrôle des ressources destinés à tous ». Lorsque les gens ordinaires découvrent le mode de fonctionnement du CIO, leur vision des Jeux s’en trouve altérée.

Un troisième thème est que les Jeux olympiques sont l’occasion de mettre en place un état d’exception qui permet la généralisation de l’utilisation des technologies de surveillance, sans réel contrôle public. Les Jeux olympiques de Tokyo 2020 ont ouvert la voie à la normalisation de la technologie de reconnaissance faciale. Casey Wasserman, le président des Jeux d’été de Los Angeles 2028, a déclaré qu’au moment où les Jeux olympiques commenceront, la billetterie sera obsolète : « Tout sera à la reconnaissance faciale, vous entrerez directement dans le bâtiment, et il n’y aura plus de files d’attente. » Ulf Treger de NOlympia Hambourg – le groupe anti-olympique en Allemagne qui a remporté le référendum qui a mis fin à la candidature de la ville – a mis en garde contre Alibaba, partenaire mondial du CIO, et qui est la société chinoise qui fournit la technologie du cloud pour les Jeux olympiques : elle pourrait générer des problèmes inquiétants dans domaine de vie privée. Même un conseiller du ministère français des affaires numériques a concédé : « Il y a un problème avec Alibaba. »

Le militantisme anti-olympique monte en ce XXIe siècle mais le CIO n’est pas resté inactif. Récemment, les responsables olympiques ont pris des décisions nouvelles afin d’éviter les contestations, par exemple en désignant les villes hôtes onze ans à l’avance – comme ce fut le cas pour Los Angeles 2028 et Brisbane 2032 – bien avant que le militantisme anti-olympique ne puisse gagner l’opinion publique et que des référendums ne puissent être organisés. Ces mesures sapent la pratique démocratique, une caractéristique clé des pratiques « d’accaparement des élites » dénoncées par Táíwò. Les organisateurs des Jeux Olympiques de Paris 2024 affirment que leurs jeux sont « pour le peuple », ce qui a été diffusé avec empressement dans les médias grand public. La double débâcle de Tokyo et de Pékin a ouvert une brèche aux promoteurs olympiques de Paris qui promettent que leurs Jeux seront différents.

Pour les militants anti-olympiques, des défis importants restent à relever. Les syndicats, qui semblent être des alliés naturels, ont été difficiles à rallier à la cause anti-olympique. De nombreux syndicats de la construction et de l’hôtellerie considèrent les jeux avec scepticisme mais espèrent capter une partie de l’argent qui circule dans le système olympique. Il s’agit d’une situation extrême de David contre Goliath : le CIO détient 5,6 milliards de dollars d’actifs totaux, selon son dernier rapport annuel, et a encaissé la somme énorme de 7,6 milliards de dollars de revenus entre 2017 et 2021. Ces sommes doivent être comparées avec le peu de moyens des organisateurs du sommet anti-jeux de Paris qui se sont débrouillés avec les moyens du bord, peu d’argent et beaucoup de bonne volonté.

Malgré les avantages de leurs adversaires, les militants anti-jeux de Paris jurent d’aller de l’avant. « Bien sûr, le CIO a plus d’argent que nous », reconnaît la militante parisienne Natsuko Sasaki, l’un des principaux moteurs du sommet anti-olympique, « mais nous sommes du bon côté de l’histoire. » Fleuves, un organisateur de Saccage, m’a dit : « Nous n’allons pas empêcher les Jeux olympiques à Paris, mais nous continuerons à nous battre pour que les Jeux olympiques ne nuisent pas à d’autres personnes dans d’autres villes. »

Séminaire en Anglais « Olympic patterns and mobilization tools » – 25/05/2022 – École architecture Paris Val de Seine

Dans la continuité des Rencontres Internationales un séminaire est organisé par un groupe de chercheur.se.s et militant.e.s de différents pays spécialisés sur les enjeux des JO et impliqué.e.s dans certains luttes (Rio, LA, Paris/93, Tokyo).
Ce sera en Anglais, et à l’école d’architecture paris Val de Seine dans le 13è à Paris