Les membres du Collectif de défense des jardins se sentent tristes et en colère, mais ne vont pas s’arrêter là. Le juge de la cour administrative d’appel de Paris a statué mardi 23 novembre en autorisant la reprise des travaux du centre aquatique d’Aubervilliers. Pour rappel, le collectif de défense des Jardins ouvriers d’Aubervilliers l’avait saisi au moyen d’une procédure d’urgence afin de pointer des irrégularités du permis de construire. Ce sont ces irrégularités, à caractère formel, qui ont pu précédemment interrompre les travaux. La Mairie devait dès lors régulariser ces points pour avoir l’autorisation de reprendre les travaux.
Elle l’a fait avec un permis de construire modificatif délivré très rapidement au regard des procédures habituelles : le béton n’attend pas, mais l’écologie et les générations futures, oui. Au regard du droit, les modifications apportées ont été jugées suffisantes : terre végétalisée sur le toit, arbres sur le solarium… Pour les aménageurs, il vaut toujours mieux verdir, même avec une facture qui va beaucoup s’alourdir, plutôt que de préserver un écosystème vivant, riche et mature.
Notre avocat avait pointé une faiblesse du nouveau projet, le fait qu’une salle de musculation vienne remplacer un espace de restauration à un endroit où le plan local d’urbanisme impose des équipements ayant un caractère de service public. Se muscler est donc ce qu’offre l’Etat à ses citoyen.ne.s… Cela vaut évidemment mieux que des espaces naturels et de culture vivrière, que des services de soin ou des postes d’enseignant.e.s.
Aujourd’hui à Aubervilliers se rejoue donc ce qui s’est déjà joué à Gonesse, à l’Aire des Vents et dans tant d’autres endroits encore. Alors qu’une mobilisation massive a montré que les citoyennes et citoyens habitantes et habitants
- ont pris acte de l’impasse du système productiviste et capitaliste
- souhaitent ardemment préserver le patrimoine naturel- ont conscience des enjeux de résilience alimentaire
- dénoncent les injustices environnementales imposées aux plus modestes
Les institutions, à travers le droit, montrent leur refus d’effectuer un changement de cap radical pour garantir la justice sociale et environnementale. Les institutions révèlent qu’elles sont esclaves de schémas de pensée d’un autre temps et des intérêts financiers de quelques un.e.s. Aujourd’hui nous savons que le désastre a déjà commencé et que les échecs réitérés des COP n’en sont que l’illustration la plus cuisante. Aujourd’hui nous savons aussi que des solutions existent , expérimentées partout dans le monde par des femmes et des hommes engagé.e.s.
Ce projet de piscine d’entraînement olympique s’inscrit dans un contexte d’urbanisme violent pour les habitant.e.s du quartier:
- vente à des promoteurs privés de dizaines d’hectares publiques au sein même du fort d’Aubervilliers, qui aurait pourtant pu accueillir la piscine,
- vente a la découpe de logements sociaux au sein de la cité de la Maladrerie, patrimoine architectural remarquable pensé pour les foyers à bas revenus
- projets de destruction de logements sociaux de la cité Émile Dubois, et rénovation réduite a la portion congrue dans le cadre de l’ANRU.
On détruit les jardins d un côté, on construit une piscine pharaonique et ruineuse de l’autre, et on chasse progressivement les classes populaires de leur logements. Tout ça dans une opacité complète, au nom des jeux olympiques et de la rénovation urbaine.
Le Collectif de défense des jardins ouvriers reste mobilisé et entend continuer la lutte. Il invite toute personne désireuse de le soutenir à le contacter par le biais de nos canaux de diffusion.
UN DERNIER ESPOIR D’ACTION JURIDIQUE : L’ATTAQUE DU PLAN LOCAL D’URBANISME DONT LE PROCÈS AURA LIEU CE LUNDI 6 DÉCEMBRE
En parallèle de l’attaque du permis de construire, le collectif de défense des jardins a attaqué en début d’année 2021 la modification récente du PLUi, qui avait permis de rendre les jardins constructibles. Le procès aura lieu le lundi 6 décembre.
Nous appelons un à grand rassemblement devant la Cour administrative de Paris (68 rue François Michon à Paris 4e) ce lundi 6 décembre 2021 à 9h30 !
Ensemble, changeons les lignes pour que la nature soit reconnue comme notre bien commun et inaliénable, ne laissons pas les autres écrire l’avenir pour nous !