Lettre des camarades Japonais: Pour en finir avec les Jeux Olympiques

Bonjour toutes et tous.

Je tiens à vous témoigner de ma solidarité la plus cordiale avec les camarades français qui se battent contre les Jeux Olympiques Paris 2024 au lendemain de la clôture des Jeux Olympiques et Paralympiques Tokyo qui se sont terminés le 5 septembre en laissant de terribles dégâts sur le plan de la santé publique au Japon.

Rappelons d’abord que la veille de l’ouverture du festival sportif international environs quatre-vingts pourcent de la population y était hostile et que la plupart des experts, aussi bien au sein qu’en dehors du système, mettaient fortement en alerte contre le danger d’un événement qui risquait d’amener plusieurs centaines de milliers de personnes du monde entiers vers la capitale japonaise en pleine crise pandémique. Leur avertissement s’est avéré fondée sans tarder.

On a assisté à une augmentation galopante du nombre des cas positifs au fur et à mesure que les Jeux se poursuivaient malgré une protestation populaire qui, elle, ne s’est jamais affaiblie. Tous les scénarios optimistes intéressés du gouvernement japonais, de la mairie de Tokyo, du comité d’organisation des Jeux se sont effondrés. De jour en jour il y avait davantage de patients du covid 19 qui ne pouvaient pas être accueillis dans l’hôpital faute de lits spécialisés. Même aujourd’hui des gens continuent à mourir au domicile puisque le gouvernement a décidé, au cours des Jeux, de n’accepter que des malades jugés graves selon un critère plus que douteux en faisant fi des oppositions exprimées par leur propres conseillers scientifiques.

Certes, c’est la tragédie que tous les pays ont connue. Mais c’était au début de la pandémie. Dans le cas du Japon, c’est aujourd’hui que nous devons la subir. Cette particularité n’est explicable que par le fait que pour maintenir les Jeux, les autorités japonaises ont commencé par limiter le nombre des tests PCR afin de faire croire que la situation soit moins grave que ce qu’elle était. De même, elles n’ont pas essayé d’augmenter des lits spécialisés en covid parce qu’il fallait garder suffisamment de lits supplémentaires en réserve pour un bon fonctionnement des Jeux avec une ressource médicale correspondante considérable.

Ainsi, toute une politique de l’abandon de la population a été volontairement choisie et mise en œuvre, et le résultat a été catastrophique comme il n’était pas difficile, dès le début, de le prévoir. Comme quoi, on constate chez nous que les Jeux Olympiques ont été non seulement des désastres prévisibles, mais constituaient même des crimes prémédités.

L’un des responsables, et non pas des moindres, de ces crimes commis au Japon s’appelle Thomas Bach, le président du Comité international olympique. Face à une inquiétude croissante de la population, il a déclaré en juin que l’olympisme est une cause tellement universelle et noble que chacun devrait accepter de sacrifier quelque chose pour lui. Chaque fois qu’il a ouvert la bouche, c’était toujours une mauvaise surprise, tellement ses propos étaient plus arrogants et insensés l’un que l’autre. Selon Jules Boykoff, chercheur américain et critique des Jeux Olympiques, le CIO ne pense qu’au CIO, et d’abord et surtout à ses machines à ramasser de l’argent.

Or, j’ai lu hier dans un article dans le Monde que si Anne Hidalgo, la maire de Paris, est maintenant considérée comme présidentiable, c’est qu’«elle a gagné l’organisation des JO». «Ce moment-là est fondateur», aurait affirmé un de ses proches écologistes selon le même article.

D’où vient ce prestige politique des Jeux Olympiques alors que le CIO ne pense qu’à l’argent dans le pays qui a donné justement le fondateur de l’olympisme moderne, Pierre de Coubertin, dont l’obsession des privilèges de la classe et les idées misogyne, eugéniste et impérialistes ne sont pas ignorées ?

Thomas Bach, son successeur actuel, est devenu une véritable bête noire au Japon surtout parmi les soignants. Les Japonais n’oublieront pas pour longtemps ce qu’il a dit et fait ces derniers mois en toute complicité avec les politiciens de l’extrême-droite qui ont trouvé dans la tenue des Jeux les bénéfices politiques et économiques les plus noirs.

Malgré les différences du contexte social et historique, vous avez affaire à la même organisation et au même homme. Je suis sûr que les désastres sont à l’ordre du jour. Il faut maintenant que l’humanité sache en finir avec les Jeux Olympiques une fois pour toutes pour protéger son environnement et pour se libérer des valeurs fallacieuses mais contagieuses qui vont toutes au même sens que le capitalisme débridé. Croyez bien que nous serons toujours avec vous pour développer et enrichir nos luttes communes et gagner ensemble notre cause.

THE GAMES ARE OVER ! NO OLYMPICS ANYWHERE !