Les JOP de la répression II

A trois jours de la fin des Jeux olympiques, la répression des militant.es se poursuit.

Alors que, déjà la semaine dernière, trois militant.es ont été abusivement interpellé.es en marge d’un Toxic tour qui, par ailleurs, a pu se dérouler sans encombre, à nouveau la police a empêché le déroulement de celui que nous avions prévu hier — l’ironie de l’histoire tient à ce que le thème de cette déambulation dans Saint-Denis portait sur la répression policière.

Alors qu’une vingtaine de personnes, journalistes dont des internationaux et des militant.es, étaient réunies et se dirigeaient tranquillement vers le canal, la police a décidé de bloquer l’avancement du petit groupe pendant plusieurs dizaines de minutes. Ce qui marque un premier abus.

Au bout de quelques dizaines de minutes, nous avons été « nassé.es » et toutes les personnes sans carte de presse ont été verbalisées pour « participation à une manifestation interdite ». En effet, on découvrira plus tard que le préfet de police de Paris a pris la veille au soir, le plus tard possible, un arrêté d’interdiction du Toxic tour.

Cette pratique consistant à prendre très tard un arrêté d’interdiction est par elle-même attentatoire aux droits fondamentaux car elle ne laisse pas le temps de faire le recours normalement ouvert contre ce type de décision administrative. Cet abus est visiblement courant. L’arrêté lui-même est un tissu de contre-vérités qui ne peut pas masquer sa nature réelle, une manœuvre pour empêcher des citoyen.es pacifiques, mais déterminé.es, d’exercer leurs droits. En effet, l’arrêté fait comme si un Toxic tour était une manifestation, ce qu’il n’est pas. Rappelons une fois encore qu’il s’agit d’une déambulation destinée à informer les journalistes et n’est nullement soumis à obligation de déclaration. L’arrêté fait mine de craindre une atteinte possible aux installations olympiques, ce qui n’a jamais été le cas.

Une personne a été placée en garde-à-vue pendant près de sept heures et deux autres ont été retenues plusieurs heures pour « contrôle d’identité », ce qui là encore est abusif. Enfin, l’ensemble des personnes présentes sans carte de presse, n’ayant pas pu se dérober, ont fait l’objet d’une verbalisation de 135 euros. Ce sont 17 verbalisations desquelles la préfecture se gargarise.

Il s’agit bien d’une intimidation et de pratiques arbitraires. La Défenseure des droits est saisie et nous contesterons l’ensemble de ces sanctions administratives dont le seul but est d’empêcher les citoyen.es d’exercer leurs droits, particulièrement celui d’informer la presse de ce qui se passe réellement derrière la façade rutilante de Jeux qui, à aucun moment, n’ont été « inclusifs » et encore moins respectueux des droits comme ils prétendent l’être.

Les journalistes présent.es et témoins de ces pratiques indignes repartiront édifié.es sur la réalité des pratiques policières d’un pays comme la France qui continue de se targuer d’être « le pays des Droits humains », mais dont ils et elles reporteront dans leur pays qu’il est devenu celui de l’arbitraire administratif.

Ni le ministre de l’Intérieur démissionnaire ni l’administration policière ne doivent imaginer avoir trouvé le moyen de nous faire taire.