Pétition : Sauvons les berges de l’Île Saint Denis !

Monsieur Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis,

 Monsieur Mohamed Gnabaly, maire de l’Île-Saint-Denis,

 Monsieur Mathieu Hanotin, président de Plaine commune,

 Monsieur Laurent Hénart, président de VNF,

 Madame Barbara Pompili, ministre de l’Ecologie

 Nous avons appris il y a quelques semaines que 15 arbres sont menacés d’être coupés, 10 quai du Chatelier à l’Île Saint-Denis et 5 sur le quai de Saint-Ouen, de l’autre côté de la Seine à Saint-Denis, en raison de la construction de la future passerelle sur la Seine devant relier les deux parties du village des athlètes.

Cette aberration est d’autant plus difficile à comprendre qu’il a été planifié de couper 10 arbres sur plus de 60 mètres pour une passerelle d’une largeur de 16 mètres utiles.

Ces platanes sont là depuis aussi loin que s’en souviennent les plus anciens habitant.e.s de l’Île – autant dire qu’il est fort vraisemblable qu’ils soient centenaires. A minima, ils participent de l’histoire de la commune. Le département de Seine-Saint-Denis leur avait d’ailleurs bien reconnu leur place : lui qui veut les couper en 2021 les avait classés comme arbres remarquables dans son plan Canopée en 2020 .

De plus, l’engagement n° 10 de ce même plan Canopée introduit précisément « une protection ciblée des plus beaux alignements et arbres isolés », s’engageant à « renforcer leur protection ». Donnant l’exemple d’ « un alignement majestueux de platanes le long d’une route départementale », il souligne combien « cette diversité et la richesse du patrimoine arboré de la Seine-Saint-Denis suscitent l’admiration et la curiosité », que « protéger ce patrimoine bio-culturel d’exception est essentiel pour la qualité du cadre de vie du territoire ».

Les engagements du Département n’auraient-ils qu’une année de durée de vie !?

Comme le souligne la déclaration des droits de l’Arbre d’avril 2019 : « Certains arbres, jugés remarquables par les hommes, pour leur âge, leur aspect ou leur histoire, méritent une attention supplémentaire. En devenant patrimoine bio-culturel commun, ils accèdent à un statut supérieur engageant l’homme à les protéger comme ‘monuments naturels’. » C’est à la fois ce patrimoine, la beauté de nos berges et des êtres y vivant qu’il faut préserver, ainsi que l’atout qu’ils représentent dans la lutte contre la crise climatique et pour garder une île fraîche face au réchauffement.

Rien ne vaut de vieux arbres pour abriter la biodiversité des espèces faunistiques et offrir de l’ombre, rafraîchir l’atmosphère, voire filtrer la pollution. La replantation de jeunes arbres est une compensation symbolique.

L’arbre est une pièce essentielle de notre patrimoine. S’il nous faut construire, aménager, faisons-le en l’intégrant, non en le détruisant.

Depuis un an ont eu lieu de nombreux abattages qui tendent à concentrer la nature dans les espaces protégés du nord de l’Île et à l’éliminer du reste de la commune. La vie végétale est très peu présente dans les nouvelles constructions comme… l’éco-quartier. L’Île Saint-Denis perd, avec ses arbres, son caractère d’oasis, de village végétal :

  • 10 arbres abattus quai du Moulin prolongé en avril 2020,
  • 3 platanes abattus rue Louis Bouxin, en décembre,
  • 5 arbres menacés quai de Seine en face de la mairie,
  • 4 n’ont jamais été replantés au niveau de la cité du Bocage, 3 sur le parking de la Poste.

Nous nous inquiétons également du devenir des autres platanes le long du quai du Chatelier avec la construction d’une piste cyclable jusqu’au pont de Saint-Ouen.

De plus, ce nouveau projet de coupe contrevient clairement à l’article L350-3 du Code de l’environnement qui institue la protection, la conservation, le maintien et le renouvellement des « allées d’arbres et alignements d’arbres qui bordent les voies de communication » car constituant « un patrimoine culturel et une source d’aménités, en plus de leur rôle pour la préservation de la biodiversité ». De ce fait, « le fait d’abattre, de porter atteinte à l’arbre, de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l’aspect d’un ou de plusieurs arbres d’une allée ou d’un alignement d’arbres est interdit » sauf s’ils sont malades ou représentent un danger, ce qui n’est pas le cas. Si des dérogations peuvent être accordées par l’autorité administrative compétente pour les besoins de projets de construction, à notre connaissance cette dérogation n’existe pas, pas plus que les « mesures compensatoires locales, comprenant un volet en nature (plantations) et un volet financier destiné à assurer l’entretien ultérieur » prévues par la loi.

C’est la raison pour laquelle nous demandons un moratoire sur toutes les coupes :

  1. tant qu’il n’y a pas eu de réunion publique pour expliquer en quoi ces coupes sont nécessaires,
  2. tant que des études proposant des solutions alternatives ou des coupes moins nombreuses n’auront pas été présentées, un urbanisme prenant en compte les arbres n’est pas impossible,
  3. tant que n’auront pas été replantés les arbres quai de Seine et rue Louis Bouxin,
  4. tant que n’aura pas été programmée la replantation d’au moins 3 arbres pour 1 coupé (en plus des plantations déjà prévues), conformément à l’engagement n° 7 du plan Canopée départemental, dans un rayon de moins de 150 mètres de l’ancienne coupe, dans le cadre d’un plan de plantation en lien avec les enjeux climatiques : aujourd’hui 23 sont seulement prévus.
  5. tant que VNF, le département, Plaine commune et la commune de l’Île Saint-Denis ne se sont pas engagés à :

 * abandonner les coupes drastiques et très espacées au profit d’un entretien régulier, en douceur et à la bonne saison,

 * à informer les habitant.e.s avant les travaux, dans le journal municipal, sur les réseaux sociaux et par affichage sur les arbres concernés, au moins trois mois avant, pour permettre une contestation de leur part dans le cadre d’un processus de dialogue participatif,

 * signer la déclaration des droits de l’Arbre d’avril 2019.

 Les enjeux sont d’importance, le développement du Grand Paris ne doit pas se faire au détriment du cadre de vie et de l’écologie urbaine de nos quartiers prioritaires où la population est éloignée du végétal.

Rien ne vaut un arbre cinquantenaire pour la biodiversité, limitons les dégats ! Soyez cohérents avec vos discours, pour nos futurs et notre présent.

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