Saccages ?

Non au Saccage2024 !

Nous nous opposons aux saccages écologiques et sociaux que provoquent les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Nous, habitant-e-s de Seine-Saint-Denis et de ses alentours, associations et collectifs, sommes rassemblé-e-s pour défendre les espaces que l’on habite, où l’on se rencontre, on tisse des liens, on s’entraide et on s’amuse.

Ce site vise à rendre plus accessible les informations sur les différents chantiers et enjeux des JO 2024 et à vous tenir au courant des prochaines actions que l’on organise.

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De quels saccages parle-t-on ?

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Nous utilisons le mot « saccage » car il s’agit bien d’une vaste opération de mutation profonde du 93 populaire, permise par les Jeux Olympiques et Paralympiques Paris 2024 ! En ignorant la construction, l’histoire, les valeurs et les spécificités de ce territoire, les projets imposés se situent dans la logique d’avant la crise sanitaire, celle qui conduit à la privatisation de tout, à la catastrophe climatique et sociale irrémédiable. 

Les Jeux ne sont qu’un prétexte, ils sont les outils qui vont permettre de réaliser très vite ces mutations, avec comme visée l’année 2024. Ce sont des jeux de dupes contre les intérêts des habitants, leur santé, leur cadre de vie, leurs relations sociales. Ils sont opposés aux logiques alternatives permettant un développement socialement juste, dans un environnement responsable, sur la base de décisions démocratiques. 

Il faut bien examiner et mesurer l’impact néfaste de chacun des projets JOP Paris 2024 sur l’environnement et « l’habitabilité » de ces nouveaux quartiers. Présenté de manière indépendante, individuelle, il s’agit bien d’un tout, logiquement conçu, logiquement relié, planifié dans le cadre du Grand Paris, les JOP n’en étant qu’un accélérateur-catalyseur.

À bien lire les documents – qu’ils soient officiels dans les multiples dossiers d’enquête publique, ou de communication institutionnelle et publicitaire sur l’attractivité de ces « nouveaux » territoires -, les objectifs inscrits dans les introductions diverses sont : la mutation urbaine, la mutation écologique, la création de quartiers métropolitains… 

En faisant abstraction totale des moments de difficultés sanitaires et sociales actuelles, ou encore en profitant des périodes de congés pour soi-disant consulter, le COJO, le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis et la SOLIDEO agissent avec brutalité et cynisme, se dédouanant de toutes réactions des habitants sous le pilotage et la protection de l’État.

La démocratie est absente du processus d’aménagement des JOP Paris 2024 ainsi que des projets urbains métropolitains interconnectés. Voici quelles en sont les étapes :

Etape n°1

La démocratie est absente du processus d’aménagement des JOP Paris 2024 ainsi que des projets urbains métropolitains interconnectés. Voici quelles en sont les étapes :
La loi olympique est votée au parlement en mars 2018. Du fait de son caractère dérogatoire sa fonction est de s’exonérer de toutes les lois et règlements de droit commun qui gèrent les projets d’urbanisme et ceux liés à l’environnement, et en même temps de tout débat démocratique avec le public.

L’État crée un concept « d’intérêt général majeur » qui en réalité consiste à servir les intérêts du secteur privé, des grandes entreprises du BTP, à nourrir la spéculation immobilière et à reproduire la ville néolibérale métropolitaine et mondialisée. Cet objectif d’intérêt général majeur n’est pas défini plus précisément que comme économique et social.

Le Conseil Départemental du 93 s’appuie en outre sur une notion d’héritage durable, avancée comme condition d’acceptation des Jeux, dans l’idée de rééquilibrer les manques d’investissement de l’Etat dans ce département qui est cruellement maltraité depuis des décennies. Pour mémoire, rappelons le rapport établi par une commission parlementaire, resté aujourd’hui sans réponse. Rapport déposé par le Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques daté du 31 mai 2019, sur l’évaluation de l’action de l’Etat dans l’exercice de ses missions régaliennes en Seine Saint Denis présenté par les députés F.Cornut Gentille et R. Kokouendo

Les décideurs font délibérément un contresens sur la notion d’héritage, qui devait être positif : avec des logements de qualité accessibles à toutes et à tous, de l’emploi, des équipements publics,  dans un environnement hautement requalifié. Au lieu de cela ils ficellent de manière définitive des mutations contradictoires avec les engagements pris par l’Etat, en particulier pour le climat.

Etape n°2

Un projet global pour des JOP attractifs, inclusifs, écologiques et le moins coûteux des jeux réalisés jusqu’à maintenant, est présenté au moment de la candidature aux françaises et aux français, dessins et concepts à l’appui.

Etape n°3

Les projets sont précisés et développés un à un, ignorant la cohérence d’ensemble. Ils sont soumis à enquête publique, voire à plusieurs enquêtes publiques pour certains, sans permettre de prendre en compte au final l’addition de tous les impacts de ces projets à l’échelle territoriale, notamment en ce qui concerne les questions environnementales. Le Village Olympique et Paralympique se dote de bâtiments zéro carbone, tout en côtoyant à quelques centaines de mètres un échangeur autoroutier dont le réaménagement va accroître la circulation, donc la pollution au niveau du quartier Pleyel.

Les citoyens qui se sont plongés dans ces montagnes de dossiers mesurent alors la distance de la coupe aux lèvres, et prennent connaissance des aspects les plus contestables de ces projets. Ils constatent à chaque fois des régressions environnementales fondamentales apportées aux engagements initiaux pris. Ils le font savoir dans les enquêtes et réunions publiques, puis dans les PPVE (Participation du public par voie électronique) dont les conclusions des participations sont marginalisées voire ignorées.

Entre les réponses faites par la SOLIDEO, les modifications de programmes au fil de la soi-disant procédure de concertation, les dérapages financiers constatés pour certains projets et l’incertitude de la participation financière des sponsors appris par voie de presse, on comprend que les Jeux ne sont qu’une grosse opération de communication reposant sur des mensonges. 
Un saccage : le mot n’est pas trop fort !

Voilà en exemples en quoi consiste ce saccage :

Saccage nos villes:

En Seine Saint Denis:

L’Île Saint-Denis, un écoquartier pas si éco !

Un futur quartier inhabitable ? La Plaine Saulnier

Destruction de jardin ouvriers

Amputation du Parc de la Courneuve

La construction de l’échangeur Pleyel : un projet indécent

Ailleurs:

Taverny, un « centre aquatique intercommunal olympique »

Aréna Porte de la Chapelle : Le site olympique intramuros

Marina de Marseille : Les petits clubs mis au banc

Tahiti :  Opacité et Compagnie

Une roselière détruite à Vaires Torcy

 

Saccage nos vies:

Prétextes à l’extension de la surveillance et du contrôle policier

Travail et bénévolat

Les dangereuses valeurs olympiques

Mais aussi :

LE VILLAGE OLYMPIQUE ET PARALYMPIQUE (SAINT-DENIS , SAINT-OUEN, L’ÎLE SAINT-DENIS)

Le parc central, principal apport d’espaces verts qui font cruellement défaut dans le quartier, est présenté comme un élément structurant d’un projet dit ambitieux d’un point de vue environnemental. Pourtant il est finalement diminué de moitié et éclaté en plusieurs espaces publics dissociés, la partie centrale n’étant ouverte que pour 1/3 au public.

Le foyer de travailleurs migrants ADEF de Saint-Ouen n’est pas relocalisé sur place, les
résidents, sans avoir eu leur mot à dire, seront relogés ailleurs sur deux sites différents,
sans véritables espaces communs (cuisine et salle de prière notamment).

Des immeubles construits dans l’ancien lit de la Seine, donc en zone inondable pour certains, empiètent sur les espaces verts. Le pourcentage de logements sociaux prévu à 40% n’est plus assuré à Saint-Denis. En outre, il n’y aura que 20 places de crèche
(pour les habitants du quartier Pleyel à SaintDenis) et aucun service de santé supplémentaire ni d’équipements culturels ou sportifs publics pour ce futur quartier intercommunal de 20.000 habitants, 50.000 salariés, comptant 6 écoles, 1 gare Grand Paris Express Pleyel et ses 250.000 passagers/jour.

Il est à noter que le nombre de places de stationnement est à ce jour inconnu.

En contrepartie on nous parle de matériaux durables et de toitures végétalisées, mais
cela n’aura que peu d’effets sur la qualité de vie ou sur la lutte contre les nouveaux îlots de chaleur avec cette importante densification. En revanche cela aura des effets certains sur les charges des nouveaux habitants. Sans doute sommes-nous censés être ravis de voir arriver des palmiers le long des berges de Seine en raison du changement climatique, assumé donc ! Et des logements avec rafraîchissement par la géothermie (18 millions d’euros d’investissement), ce qui apporte la preuve que la SOLIDEO a bien conscience de la création d’îlots de chaleur !

Le report de la Règlementation Environnementale qui devait être applicable début 2020,
plus contraignante avec l’objectif de constructions au label BBCA (Bâtiments Bas Carbone), rend obsolète ce qui sera livré en 2024 dès son application au 1er janvier 2021 !

La SOLIDEO ne communique que de manière ciblée, notamment aux investisseurs,
sur le fait que le Village Olympique et Paralympique sera conçu comme une « smart
city », ville connectée qui engendre des questionnements sociétaux et de durabilité énergétique.

Le Village Olympique et Paralympique constitue en résumé une supercherie quant à ses qualités environnementales et un saccage à venir en termes d’injustice sociale.

LA TOUR PLEYEL ET SA NOUVELLE TOUR VOISINE, LES LUMIÈRES DE PLEYEL ET LA FUTURE GARE DU GRAND PARIS EXPRESS PLEYEL

La taille des immeubles a été modifiée pour davantage de grande hauteur, ce qui ne dégagera pas pour autant de surface d’espaces verts au sol. Bien au contraire, avec le parking s’étendant de la Tour Pleyel sous la rue Francisque Poulbot, la surface de pleine terre devient inexistante. La future tour programmée à côté de la tour actuelle amputera de 2 voies la rue Francisque Poulbot (4 voies) périphérique au quartier, qui permet aujourd’hui l’accès au demi-échangeur actuel de l’A86. Ce projet immobilier contribuera à concentrer la circulation au cœur du quartier et empêchera toute possibilité de remettre la circulation en périphérie de ce dernier lorsque la future situation sanitaire l’exigera.

La mutation de ce quartier Pleyel avec la construction de 170.000 m² de bureaux n’est pas aux dimensions de la vie quotidienne ni de sa qualité. Elle ne fait que l’éloigner. Passer 18h, fin de travail, ce sera un quartier inhabité. Qualifié de quartier métropolitain, le grand Pleyel sera-t-il vraiment « habitable » au sens plein du terme ?

Comment définir un quartier métropolitain, au sens donné aujourd’hui à ce mot ? N’est-ce pas la destruction d’une vie de relations sociales historiquement constituées, au profit de relations prioritairement extra-locales, voire internationales, reliées aux flux aériens et virtuels ?

Au même titre que l’environnement il s’agit bien d’un saccage social.

LE COMPLEXE AQUATIQUE DE MARVILLE

À Marville le complexe aquatique se développera avec sauna, hammam, bain chaud et froid, salle de musculation, bassin nordique à l’extérieur de 25m chauffé à 28°C (pas très écologique) relié par un tunnel. Un complexe de foot à 5 et padel tennis sera aménagé. Mais l’actuelle piscine, dont l’ouverture en pleine canicule n’a pu se faire faute d’entretien, sera reconvertie après les JOP. Ce projet s’étendra de Marville à la future gare de métro GPE des 6 Routes ! Un site de célébration olympique devrait être aménagé « en lien avec le parc Georges Valbon ».

A Aubervilliers et à Marville, comme pour toutes les piscines prévues dans le cadre des
JOP Paris 2024, ce sera la même gestion du privé, avec la même interrogation sur les tarifs pour les habitants du territoire.

À cette liste de saccages, il faut ajouter d’autres projets liés de près ou de loin à l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024 en France et dans le territoire de la Seine-Saint-Denis en particulier :

LE CAMPUS HOSPITALOUNIVERSITAIRE GRAND PARIS NORD DE SAINT-OUEN

Le projet de grand hôpital à Saint-Ouen sera construit à l’horizon 2028 à l’emplacement d’un des derniers sites industriels de ce territoire : PSA.

Celui-ci n’est pas lié directement aux JOP Paris 2024. En revanche, il est dans la logique de reconstruction de cette partie du territoire au service de la Métropole du Grand Paris (MGP), dans une conception, dépassée et dangereuse. Inscrit dans le timing des JO, cet équipement pourrait être reçu par l’opinion publique, et peut-être même les élus, comme un complément d’héritage sur un territoire revalorisé.

On devrait être ravis de voir arriver un super hôpital dans ce département qui manque gravement de services de santé. C’est sans doute la raison pour laquelle ce projet a été accepté.

Oui mais, la contrepartie de ce nouvel hôpital est la fermeture de Bichat-Claude-Bernard (dans le 18e à Paris) et de Beaujon (à Clichy), et finalement la destruction de plus de 300 lits. À quel public ce grand hôpital sera-t-il destiné ? Pas vraiment celui de la SeineSaint-Denis. Ce ne sera pas un « plus » mais un « moins », surtout dans le contexte actuel lié à la covid-19 où le nombre de lits d’hospitalisation fait cruellement défaut. C’est une erreur dramatique et meurtrière ! Ce projet de nouvel hôpital n’est acceptable que si ceux de Bichat-Claude-Bernard et de Beaujon sont conservés, sans suppression de lits !

Dans ce cas seulement ce sera un « plus » pour nos communes et la Seine-Saint-Denis, avec un accès à la santé pour tous, amélioré et digne. Mais cela ne correspond pas à la conception métropolitaine, avec son centre unique débordant sur les quartiers périphériques de la banlieue, à coup de spéculation immobilière. La santé n’est pas une marchandise.

Pour un hôpital public sans saccage de lits !

LE GRAND PARIS EXPRESS ET SES GARES

Le métro en sous-sol du Grand Paris Express (GPE) et ses gares en extérieur, pierres angulaires de la construction métropolitaine, ont constitué un argument pour retenir Paris comme ville hôte olympique.

Si le métro du GPE va apporter un mieux pour les déplacements en banlieue, ses
gares se construisent dans la même logique de saccage de l’environnement et des conditions de vie sociale : spéculation immobilière, démolition d’habitat en cœur de ville, densification urbaine. L’usager en est réduit à n’être qu’un client pourvoyeur de datas exploitables par la Société du Grand Paris. Plus de 250 hectares de bureaux sont prévus dans les quartiers des 68 gares, une spéculation foncière et immobilière qui impose des amputations des espaces verts (jardins ouvriers au Fort d’Aubervilliers pour la piscine olympique mais aussi pour l’aménagement de la gare de la ligne 15).

Cela s’accompagne d’une hausse des prix de l’immobilier qui chassera les populations « d’avant », d’une imperméabilisation des sols, d’une perte d’espace en pleine terre et toujours d’une destruction d’espaces verts. Exemple : le square de la Maladrerie à Aubervilliers où GPE voulait installer son ouvrage annexe (un des puits d’aération conçus tous les 800m entre les gares) a pu être sauvé par la mobilisation des habitantes et habitants.

Il s’agit d’un saccage environnemental mais aussi paysager, avec un changement d’échelle de l’architecture de la gare en aérien et l’imposition de grande hauteur de bâtiments, de bureaux, qui créent une monumentalité écrasante à l’échelle humaine.