APPEL A MOBILISATION POUR LA DEFENSE DES JARDINS OUVRIERS

Du Collectif de Défense des Jardins des Vertus

Dimanche 23 mai 2021

Ce samedi 23 Mai 2021, après des mois de lutte contre la destruction de près d’un tiers des jardins ouvriers des Vertus, nous, Collectif de Défense des Jardins des Vertus, déclarons ces jardins en danger imminent et appelons à une occupation dès aujourd’hui sous le nom de JAD pour Jardins à Défendre. Il est temps d’ouvrir ces terres communes aux personnes qui souhaitent les protéger et les faire vivre. Une terre vivante ne peut être remplacée par la construction d’un spa/solarium adossé au projet de piscine d’entraînement des Jeux Olympiques. Face au béton, veillons ensemble sur les JAD d’Aubervilliers.

Depuis près de cent ans, les Jardins ouvriers d’Aubervilliers prolongent l’histoire maraîchère de la Seine-Saint-Denis, sur 7 hectares ceinturant le Fort. Ces espaces naturels sont un patrimoine précieux avec une riche biodiversité ; ce sont des terres nourricières permettant une alimentation locale pour de nombreuses familles ; elles sont entretenues toute l’année par des jardiniers et jardinières qui y ont tissé des liens ; c’est le lieu où de nombreuses personnes viennent s’aérer le corps et l’esprit et se rafraîchir les soirs d’été lorsque les logements sont irrespirables.

Aujourd’hui, 10 180m2 de jardins ouvriers et 37 000m2 de bois risquent de disparaître sous le béton. Le premier chantier programmé pour la destruction des jardins est la construction d’un solarium, attaché à une piscine d’entraînement des nageurs olympiques de Paris 2024. La nécessité d’un équipement aquatique à Aubervilliers n’est pas remise en cause, il serait utile aux scolaires et aux habitant·es des environs. De plus, ladite piscine est implantée à l’emplacement d’un parking existant et n’impose pas la destruction des jardins. Cependant, c’est le gigantisme de ce projet qui pose problème : une piscine olympique est bien trop chère à construire et entretenir comparée à une piscine de quartier. C’est en partie pour rentabiliser ce trop grand équipement que ses promoteurs ont prévu une extension, le solarium, qui vient détruire inutilement les jardins ouvriers. Cette aberration n’est que la suite d’une longue série, qui a déjà entraîné l’artificialisation de toute l’ancienne Plaine des Vertus et pourrait bien aller jusqu’à la destruction de tous les jardins ouvriers d’Aubervillers et de Pantin : gare de la ligne 15 du Grand Paris Express, complexe hôtelier, éco-quartier …

A Aubervilliers, la préservation de ces jardins est une nécessité. La ville compte 1,42 m2 d’espaces « verts » par habitant·e1. A l’heure de la débâcle écologique, sanitaire et sociale, perdre un hectare de surface cultivable en plein coeur de la Seine Saint-Denis, dans la deuxième ville la plus pauvre de métropole est un écocide. Ce qui sera détruit sera irrémédiablement perdu. Les logiques de compensation que Grand Paris Aménagement, la Solideo, la Mairie d’Aubervilliers, le comité de l’association des Vertus essaient de vendre n’’arrangent que les bétonneurs et la spéculation immobilière. Pendant que les plaquettes des promoteurs vantent honteusement leur éco quartier en béton et leur solarium inabordable, sur les Jardins nous construisons à partir de récup, nous réutilisons, nous compostons, nous mangeons ce qui pousse ou ce qui allait être gaspillé, nous construisons à la main en terre et paille, nous faisons pousser, nous ménageons, nous cohabitons, nous laissons vivre.

Le solarium et les équipements olympiques gigantesques ne sont pas la priorité des habitant·es du voisinage. Il est incompréhensible de dépenser des millions d’euros dans la maintenance d’un centre aquatique démesuré qui risque d’endetter la ville sur le long terme, au nom de 15 jours de compétition sportive en 2024. En refusant de prendre en compte des modifications quand cela était possible, le chantier a déjà pris 7 mois de retard, et il n’est même pas sûr qu’il soit prêt à temps ! Il est temps de changer de plan. Ces projets ne font pas partie du futur, mais du passé.

Nous revendiquons des jardins pour toutes et tous. En plus de ceux qui existent, nous voulons de nouvelles parcelles, qu’elles soient individuelles, familiales ou collectives, ouvertes sur les quartiers et leur population. Le temps du bétonnage doit prendre fin, les ravages causés sont trop grands. A nous de réagir et poser les bases du monde que nous voulons voir advenir. Et celui-ci n’est définitivement pas compatible avec celui de Grand Paris Aménagement, des Jeux Olympiques et leur cohorte de saccages environnementaux et sociaux.

La destruction des jardins peut commencer à tout moment. Face à cette menace, nous prenons les devants ! A tous·tes celles et ceux qui le veulent, rejoignez-nous vite pour veiller sur ces jardins jour et nuit. Vous cohabiterez avec les hérissons, les grillons et les milliers d’être vivants menacés par la spéculation et le béton. Quelques cabanes sont disponibles et peuvent nous abriter, le reste est à organiser ensemble dans les jours qui viennent ! Nous sommes déterminé.es, nous lutterons jusqu’au bout.

Non, le quartier n’acceptera jamais votre éco-gentrification excluante comme « réponse » après des années de délaissement. Non, nous ne croyons pas une seconde à votre futur, clinquant sur des plaquettes de promotion mais violent pour tant de vies. Non, l’écologie populaire et de subsistance des Jardins n’est pas compatible avec votre capitalisme vert. Non, les jardins ouvriers ne seront pas détruits.

1Alors que l’objectif affiché de la Région, comme celle de l’OMS, est de 10 m2 d’espaces verts par habitant·e.

Défendons les jardins contre l’olympisme et son monde

Article publié sur Lundi Matin, écrit par des membres de Saccage 2024

« Parmi les nouveaux sites aquatiques d’entraînement pour les JO 2024, le plus médiatisé est sans doute le projet prévu au Fort d’Aubervilliers, dont la construction pourrait entraîner la destruction de plus de 10 000 m2 de jardins ouvriers. »

[Illustrations : piscines olympiques abandonnées au fil des JO.]

A trois ans des Jeux Olympiques (JO) de Paris, plusieurs projets de piscines olympiques poussent comme des champignons un peu partout en ce moment. Dans le Val d’Oise, une nouvelle structure à 38 millions d’euros en vue des JO 2024 remplacera « les deux piscines vieillissantes de Taverny et Saint-Leu » pourtant parfaitement fonctionnelles à ce jour. Selon les opposants à ce gigantesque centre aquatique, décidé sans concertation avec la population, ce projet est « lié à celui du nouveau rond-point du centre commercial à Taverny » et « prévoit la destruction de 554m2 de bois ». Il n’y a aucune information ni sur les coûts de fonctionnement et de maintenance, ni sur les tarifs pour les futurs usagers, alors que les travaux devront démarrer très vite si cette piscine a pour vocation de servir de base d’entraînement pour les JO 2024.

À Aulnay-sous-Bois, le nouveau centre aqualudique à 37 millions d’euros verra le jour très bientôt et il sera le premier des équipements aquatiques d’entraînement des JO 2024 à être opérationnel. Entre Saint-Denis et La Courneuve, le futur centre aquatique de Marville dont le plus grand bassin sera « dédié aux plus sportifs » donc non pas au grand public, à 30,5 millions d’euros, remplacera l’actuelle piscine et servira de centre de préparation pour les athlètes de water-polo du monde entier.

Mais parmi ces nouveaux sites aquatiques d’entraînement pour les JO 2024, le plus médiatisé est sans doute le projet prévu au Fort d’Aubervilliers, dont la construction pourrait entraîner la destruction de plus de 10 000 m2 de jardins ouvriers. Ces jardins qui nourrissent les habitants de ce quartier populaire depuis 1935 ont donc connu « le Front Populaire, la seconde guerre mondiale et la libération par la division Leclerc, l’industrialisation et la désindustrialisation, mai 68, la construction de grands ensembles, le prolongement de la ligne 7 du métro, les émeutes de 2005, la crise des subprimes ». Mais une partie des jardins ne connaîtrait pas les JO 2024 de Paris, et feront place à un centre aquatique. Ses financeurs et défenseurs en font une promotion à la pointe du greenwashing, mettant en avant « l’utilisation de béton bas carbone, l’implantation de bois d’origine française pour l’aménagement des façades et de la terrasse, et l’utilisation de laine de chanvre, également d’origine française ». Voici un extrait de la tribune du Collectif de défense des Jardins des Vertus exprimant la tristesse, la colère et la déception surgit de ce projet imposé :

Nous étouffons… de déception car nous étions heureux·ses de voir notre ville accueillir une nouvelle piscine, un équipement tellement utile pour nos enfants, et que nous découvrons maintenant que ce n’est pas un bassin qui va détruire nos terres mais un centre de « fitness » et un « solarium minéral ».

Face à ce saccage, les jardinières et jardiniers s’organisent pour sauver leurs jardins. Les soutiens sont nombreux. Cinq jours après l’arrivée des premiers engins sur place, une manifestation festive et familiale a rassemblé plus d’un millier de personnes à Aubervilliers le 17 avril. Selon une jardinière, il s’agissait de « la plus grande manifestation qu’Aubervilliers ait jamais connu depuis des décennies ». Le week-end suivant, des bottes de pailles y ont été acheminées pour bloquer les engins, mais surtout pour marquer la volonté de lutter contre le chantier programmé. Le collectif des défense des jardins organisent maintenant les « Jardins Ouverts » : chaque jour, les jardins sont accessibles aux personnes qui souhaitent afin de « se défendre et s’organiser contre l’ensemble des agressions, des collectifs réunis proposent des ateliers tous les jours ».

Mais une question se pose : n’est-il pas temps de nommer clairement « de très grande puissance derrière le béton », c’est-à-dire l’ennemi commun aux jardiniers et aux non-jardiniers, autre que le centre de « fitness » et le « solarium minéral » ? Le nom de ceux qui saccagent partout, non seulement en Seine-Saint-Denis ou en France, mais aux quatre coins du monde ?

Ce texte a pour vocation d’appeler cet ennemi par son nom : un spectacle mondial qui crée l’état d’exception nommé les Jeux Olympiques.

L’invention de « l’héritage »

Il ne faut surtout pas réduire le rôle des JO à « l’excuse » ou à « la justification » des projets controversés. Ce n’est pas par hasard que les pouvoirs publics d’un tel pays hôte des JO profitent d’une « formidable fête populaire » ou d’un « rassemblement fédérateur ». La complicité avec les pouvoirs publics fait partie de l’ADN du mouvement olympique et cette complicité a maintenant un nom officiel : « l’héritage ».

Les Jeux Olympiques sont un spectacle très complexe à organiser en raison des compétitions nombreuses (33 sports, 50 disciplines, 339 épreuves pour les JO 2020/1 de Tokyo) devant se dérouler pendant la durée déterminée par la Charte olympique : 16 jours. Si l’opération de ces Jeux (le salaire des organisateurs, le transport, le marketing enfin et surtout la sécurité) coûte plusieurs milliards d’euros sans compter la construction des sites, c’est à cause de ce gigantisme et de cette contrainte temporelle. S’il y avait moins de compétitions [1]. Par exemple, les JO 1924 de Paris avaient 17 sports, 23… , si la durée était plus longue, l’organisation serait beaucoup moins coûteuse et il faudrait moins de sites ; moins de piscines par exemple. Ces contraintes ne sont pas le fait des pays hôtes mais bien celles imposées par le Comité international olympique (CIO).

Les contribuables de Montréal ont mis trente ans à rembourser la dette liée aux JO 1976, préparés pendant le premier choc pétrolier. Huit ans après, le président du comité d’organisation des JO 1984 de Los Angeles, Peter Ueberroth, a réussi à générer des profits pour la première fois dans l’histoire du mouvement olympique en imposant une nouvelle philosophie : le sport business. Mais aucune édition après LA 1984 n’a réussi à imiter la méthode d’Ueberroth. Toutes ressemblent plutôt à Montréal 1976 d’une manière ou d’une autre. Aucun organisateur n’a pu maîtriser les dépassements des dépenses budgétées jusqu’à ce jour. Pendant ce temps, le CIO continue de demander toujours plus de sports olympiques, toujours plus d’épreuves sans pour autant adapter la durée des compétitions.

Forcément, des critiques se firent jour. Dans ce contexte, le CIO fut forcé d’inventer une nouvelle logique justifiant ces coûts. Le mot « héritage » a fait sa première apparition dans la Charte olympique en 2003, mais ce sont les JO 2012 de Londres qui l’ont employé pleinement pour la première fois, pour « renouveler » l’East End. Si on dépense des milliards de livres sterling, ce n’est pas pour les trois semaines de sport, mais bien pour faire sortir les milliards de livres sterling du gouvernement britannique et développer un quartier pauvre. On connaît la suite : l’East End gentrifié, avec une mention spéciale pour la démolition des jardins familiaux, Manor Garden Allotments, qui occupaient, depuis 1924, 18 000 m2 à Hackney Wick avant la création du parc olympique de Londres.

Un an après la réunification des Spice Girls au stade olympique de Londres, le CIO a publié un document intitulé « Héritage olympique » qui débute par ces mots :

Les Jeux Olympiques ont le pouvoir de laisser des avantages durables qui peuvent énormément changer une communauté, son image et ses infrastructures. Parmi les plus grands événements sportifs au niveau mondial, les Jeux peuvent être un formidable catalyseur de changement pour une ville hôte, avec la possibilité de laisser bien plus que de bons souvenirs une fois les médailles décernées.

Ici, les objectifs du CIO sont doubles. D’abord, il s’adresse aux pouvoirs publics des métropoles du monde entier : si vous avez l’ambition de mener un renouvellement urbain, utilisez nos Jeux. Profitez « pleinement des possibilités offertes par les Jeux » [2], possibilités d’enrichir les promoteurs immobiliers et les BTP, possibilités de défendre des projets indéfendables en mettant en avant l’organisation de tels événements, possibilités d’accélérer un projet visant à transformer votre ville en une grande métropole mondiale. Bref, possibilités de gentrifier, agrandir et bétonner votre ville. Profitez, car, sinon, le mouvement olympique ne peut pas survivre. On sait très bien que personne ne veut organiser nos Jeux s’ils ne sont pas profitables pour certains.

Ensuite, il y a un autre objectif plus insidieux qui se formule comme suit. Ce sont les habitants qui héritent de tous ces héritages, bien après les Jeux, pas le CIO. Ainsi, le budget consacré à l’héritage ne doit pas être comptabilisé dans les chiffres du budget olympique. Il faut séparer l’organisation et le développement urbain. La majeure partie de l’organisation est financée par des recettes privées (contribution du CIO et des sponsors, vente des billets). On pourrait admettre que l’argent public soit mobilisé pour certains aspects de l’organisation, notamment pour la sécurité dont le budget dépasse souvent un milliard d’euros depuis le 11 septembre 2001. Mais ces coûts sont couverts par l’augmentation des recettes fiscales liées aux Jeux. Par contre, si les pouvoirs publics construisent de nouveaux sites avec de l’argent public, il faut que ce soit durable et bénéfique pour les habitants [3] Sinon, on ne peut pas justifier la tenue d’un événement sportif de cette envergure. Dans cet esprit, il est préférable qu’existent deux entités séparées, l’une pour l’organisation, l’autre pour les investissements.

C’est ainsi que les Britanniques ont créé deux entités publiques pour préparer les JO 2012 : le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’été de 2012 (LOCOG) pour l’organisation et l’Olympic Delivery Authority (ODA) pour le développement urbain. Mais bien évidemment, cette séparation des budgets pour l’organisation et la construction ne convainc pas tout le monde, loin de là. Cette logique est portée uniquement par quelques « fidèles parmi les fidèles » de l’esprit olympique. La preuve : ni les JO 2016 de Rio de Janeiro, ni les JO 2020 de Tokyo n’ont vu l’équivalent de l’ODA. En conséquence, pour la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, le budget des JO de Tokyo s’élève à 23 milliards d’euros, car elle y inclut celui de la construction, notamment le très controversé Nouveau stade olympique national de Tokyo, dont une bonne partie (environ 15%) est financée par le gouvernement métropolitain de Tokyo. Si on exclut le budget d’investissement urbain, le budget des JO de Tokyo n’est « que » de 12 milliards d’euros, mais la plus haute responsable de la ville hôte n’accepte pas cette logique.

Il fallait attendre que les Français créent le Comité d’organisation des jeux olympiques et paralympiques d’été de 2024 (COJO) et la Société de livraison des ouvrages olympiques (SOLIDEO) pour incarner cette logique. Si Tony Estanguet, le président du COJO, répète que le budget des JO 2024 est composé à 97% de recettes privées et revient à moins de 4 milliards d’euros, c’est parce qu’il ne parle que du budget du COJO en excluant celui de la SOLIDEO.

Piscines olympiques : l’héritage pour qui ?

La SOLIDEO va débloquer 90 millions d’euros pour les sites d’entraînement et de préparation aux JO 2024, c’est-à-dire des sites qui ne seront pas utilisés pour les compétitions. Pour le centre aquatique du Fort d’Aubervilliers, la SOLIDEO contribuerait aux travaux à hauteur de 10 millions d’euros. Pour le centre aqualudique d’Aulnay-sous-Bois, la part de contribution de la SOLIDEO représente 25%, ce qui en fait la seconde plus grande contributrice après la Ville (30%).

Sont-ils vraiment nécessaires aux JO ? Les nageurs de très haut niveau pourraient répondre oui, arguant du fait qu’ils ont « besoin » de piscines d’entraînement « correctes », en plus des sites de compétition. Or la France compte déjà quelques dizaines de bassins olympiques. Pour quelle raison les nageurs d’élite ne pourraient-ils pas s’entraîner dans ces équipements déjà existants ?

Les réponses sont rapides et simples. Bien sûr que les nageurs peuvent s’entraîner dans les bassins olympiques existants. Bien sûr que toutes ces nouvelles piscines olympiques d’entraînement ne sont pas indispensables pour l’organisation des Jeux. Mais si les pouvoirs publics d’un pays veulent organiser un tel événement sportif, si onéreux, la principale (pour ne pas dire la seule) raison reste la réalisation de travaux publics bénéficiant à certains acteurs économiques. Le sport mondial développé par le CIO a créé un écosystème qui ne peut fonctionner qu’avec ce mécanisme.

On peut s’attendre à un autre argument. Des nouvelles piscines sont utiles pour nos enfants, surtout dans un département où « un enfant sur deux ne sait pas nager en 6e ». Il s’agit de l’argument que tous les défenseurs des JO en Seine-Saint-Denis ont à la bouche, quelle que soit leur couleur politique. Or ces enfants n’auront aucun bénéfice à retirer de ces piscines olympiques. Une piscine olympique n’est pas un concept flou, elle doit répondre à des critères précis définis par la Fédération Internationale de natation (la FINA) :

Longueur : 50 mètres
Largeur : 25 mètres
Nombre des couloirs : 8 + 2
Profondeur : 2 mètres minimum, 3 mètres recommandés
Seules les piscines d’eau douce sont homologuées.

Au vu notamment de sa profondeur, elle vise un public sachant nager 50 mètres sans pause, pas n’importe qui, donc. L’argument social ne tient donc pas. Il en va de même du greenwashing, comme « [les] massifs arbustifs d’essences locales, [les] haies bocagères ou encore [les] arbres de haute tige, seront plantés aux abords et autour de l’équipement et de ses cheminements », qui ne tient pas non plus au regard de la superficie prévue, et donc de sa gargantuesque consommation d’eau douce. D’autant plus si le centre aquatique bétonne les jardins ouvriers. D’après Delphine Fenasse, maire adjointe de Fontenay-sous-Bois, une piscine tout à fait standard de 25m coûte à peu près 15 millions d’euros pour sa construction [4] donc plus de deux fois moins cher que ces piscines olympiques en vue des JO 2024.

Cet héritage ne créera de valeur que pour les habitants du monde créé par la FINA. Pour leurs performances. Pour leurs records. Pour leur classement dans une telle compétition. Si vous ne voulez faire que quelques activités physiques dans l’eau ou vous rafraichir pendant la canicule, une piscine olympique est inutilement longue et démesurément profonde (une telle profondeur est « nécessaire » pour la FINA, car elle crée moins de vague et, par suite, favorise les records). Ce n’est pas par hasard si les piscines olympiques sont des figures emblématiques des ruines olympiques. Leur maintien coûte très cher alors même que peu de gens en ont besoin. Sofia Exarchou filme magnifiquement des sites olympiques dont des piscines à l’abandon à Athènes, dix ans après les JO 2004, fréquenté par la jeunesse grecque post-crise financière, dans son premier long métrage « Park » (2016).

Les Jeux Olympiques, ou le capitalisme de la célébration

Quelle philosophie politique permet la mobilisation des ressources publiques et la bétonisation des terres qui nourrissent la classe populaire urbaine pour un tel héritage ? En réalité, il n’y en pas vraiment, c’est précisément la raison pour laquelle de moins en moins de villes consentent à organiser les JO, d’été comme d’hiver. Quand les populations sont consultées par référendum, elles sont systématiquement contre la candidature à l’organisation des JO, depuis le dernier « OUI » à Oslo en 2013 (mais suite au calcul des coûts, les politiciens norvégiens ont retiré leur candidature aux JO d’hiver 2022). Mais il faut reconnaître que la force du mouvement olympique n’a jamais résidé ni dans ses pensées politiques ou morales (faut-il encore répéter que Pierre de Coubertin était raciste, misogyne et complice du nazisme ?), ni dans sa légitimité économique ou sociale, encore moins dans son intégrité écologique. Sa force réside, uniquement, dans sa capacité à créer un spectacle mondiale et à attirer l’attention des milliards de spectateurs. Jules Boykoff, un participant aux JO 1992 de Barcelone (football) converti en politologue contre l’olympisme, a fait une contribution théorique importante sur ce pouvoir exceptionnel d’être vu par des milliards de téléspectateurs, à l’ère où l’offre est abondante et l’attention rare : le mouvement olympique peut imposer un « état d’exception ».

Selon Boykoff, les Jeux ont la capacité de privatiser des profits et d’imposer des risques aux contribuables en suspendant « les règles normales de la politique (…) au nom d’un spectacle hyper commercial claironnée par les médias » [5]. Comme nous avons vu tout à l’heure, « aucun organisateur n’a pu maîtriser les dépassements des dépenses budgétées jusqu’à ce jour », c’est donc toujours de l’argent public des pays hôtes qui comble les déficits engendrés par une fête dont l’organisateur principal est une organisation non-gouvernementale à but non lucratif basée à Lausanne, et qui est à ce titre non imposable.

Une telle suspension des « règles normales de la politiques » n’est possible que parce que les JO ont une grade popularité ; s’ils n’étaient pas capables de faire émerger l’euphorie collective et de créer des opportunités lucratives pour certains, aucun pays n’accepterait de les organiser sur son sol. Ceci en tête, il n’y a pas de sens à s’abstenir de critiquer les JO sur la base de leur popularité : au contraire, il faut y reconnaître l’unique source du pouvoir de notre ennemi.

Dans La Stratégie du choc, Naomi Klein a analysé comment les capitalistes néolibéraux ont tiré profits des catastrophes, naturelles et humaines, en exploitant le stress social et le trauma. Elle a donné un nom à ce mécanisme : le capitalisme du désastre. Chez les organisateurs des JO, Boykoff y voit un parallèle, au lieu du stress et du trauma exploiteraient l’euphorie. Boykoff a inventé un nom à son tour, le capitalisme de la célébration (celebration capitalism), et il en explique ses fonctionnements :

Le capitalisme du désastre et le capitalisme de la célébration se produisent dans des états d’exception. Dans État d’exception, Giorgio Agamben explique comment un moment politique exceptionnel peut conduire à une tempête de mesures judiciaires et extrajudiciaires déployées par les puissants pour maintenir leur avantage. (…) Le capitalisme du désastre et le capitalisme de la célébration transforment l’état d’exception en une opportunité exceptionnelle, ouvrant la voie aux politiciens opportunistes et à leurs alliés économiques. Alors que Klein et Loewenstein soulignent comment l’état d’exception peut être provoqué par une catastrophe, il peut également être provoqué par des célébrations uniques où, plutôt que d’une frénésie de terreur, le public se réjouit d’un jamboree de sport et de spectacle [6].

C’est ainsi que les habitantes et habitants d’une ville hôte des JO voient des mesures et opérations indéfendables en temps normal. En France, elles sont toutes autorisées par la LOI n° 2018-202 du 26 mars 2018 relative à l’organisation des jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. C’est ainsi que des jardins ouvriers avec un siècle d’histoire devraient disparaître au profit d’une piscine qui n’est pas adaptée aux habitants du coin. En effet, la municipalité communiste d’Aubervilliers a toujours voulu un centre aquatique dans sa ville. Un centre nautique était prévu dans le quartier du Landy lors de la candidature aux JO 2012, mais il fallait attendre l’attribution des JO à la capitale et le déclenchement de l’état d’exception pour finalement en obtenir un.

À Aubervilliers, nous défendons les jardins non seulement pour les jardinières et jardiniers, mais aussi, et surtout, pour les renards, les hérissons, les oiseaux, les abeilles, les grillons d’Italie qui y habitent. Sans notre lutte, ils ne peuvent pas survivre. Il faut les défendre aussi pour manifester face aux capitalistes de la célébration notre refus de leur état d’exception. Il faut défendre ces espaces, parce qu’ils nous sont essentiels à l’alimentation de nombreuses personnes et qu’ils permettent d’accroître l’autonomie. Il faut les défendre pour que les organisateurs des JO et leurs alliés politiques apprennent que le peuple et la terre se soulèvent dès lors qu’ils saccagent nos villes pour imposer leurs Jeux. Il faut les défendre pour laisser notre héritage, un héritage de lutte, aux futures villes hôtes qui devront en mener d’autres.

Venez aux jardins ouverts d’Aubervilliers.
Défendons-les ensemble.
Des membres du collectif Saccage 2024

[1] Par exemple, les JO 1924 de Paris avaient 17 sports, 23 disciplines, 126 épreuves.

[2] Héritage olympique, le comité international olympique, 2013.

[3] Les arguments de ce paragraphe sont repris de cette vidéo YouTube par la vidéo publiée par IOC Media, « Discover the economics of the Olympic Games » :

[4] « JO ou écologie : il faut choisir ! » https://www.youtube.com/watch?v=jwRgws-vLOU

[5] Jules Boykoff, Power Games : A Political History of the Olympics, 2016, Verso. p.155

[6] Boykoff, Power Games. p. 158

« Tu vois là, sous mon jardin, bientôt ce sera les quais du métro … ». Récits de jardinier·ère·s d’Aubervilliers et de Pantin dans une brochure.

Il y a de cela quelques semaines, le 17 avril 2021, la manifestation contre la réintoxication du monde à Aubervilliers s’acheminait festivement de la Mairie vers les Jardins ouvriers des Vertus, menacés par un projet de solarium. Au milieu de la petite foule, des dizaines de brochures ont été distribues, lues par des paires d’yeux différents et passées de mains en mains.

Diffusée à prix libre ou gratuit, elle raconte par la voix de quelques jardiniers et jardinières ce qui vit et ce qui est jardiné aux Vertus depuis plusieurs dizaines d’années. Elle contient quelques morceaux d’histoire de ce lieu et ses occupant·e·s, humain·e·s ou non.

Cette brochure a été écrite par quatre mains qui ne sont pas jardinières, Agitations potagères. Elle chercher à rendre visible ce qui est le plus souvent invisibilisé : les destructions de vie que nécessitent les constructions des spéculateurs et promoteurs. Ce n’est qu’un signe, parmi beaucoup d’autres, des effets de la métropolisation, du Grand Paris, des aménagements urbains gigantesques et démesurés.

La voilà !

Elle sera très bientôt disponible sur infokiosque.net en format brochure.
Si vous la diffusez, faites-le évidemment à prix libre ou gratuit.
Au cas où vous souhaitez soutenir la lutte, une cagnotte des jardins se trouve ici !

Au Fort d’Aubervilliers : retour sur la manifestation et perspectives de luttes

A retrouver également sur Paris Lutte Infos

Les jardins ouvriers sont toujours menacés par le solarium de la piscine d’entrainement des jeux olympiques. Il y a urgence car la destruction des cabanes et des arbres est imminente.
Après une manifestation très importante le 17 Avril, la lutte continue de s’organiser. Premier grain de sable dans l’engrenage, l’inspection du travail a fait cesser une partie des travaux pour désamiantage illégal.
L’expulsion des précaires des centres d’hébergements de l’autre côté du fort est imminente. Les jardinier.e.s et leur soutien.s organisent maintenant des après-midi « Jardins-Ouverts », avec ateliers et discussions comme perspectives de lutte.

Contexte :

Les projets urbains autour du fort d’Aubervilliers symbolisent ce qu’il y a de pire en matière d’urbanisme pensé pour les promoteurs et contre la population. Un centre aquatique pharaonique et ruineux qui détruirait des terres fertiles. Un projet de rénovation (ANRU-2) côté Emile Dubois qui traîne depuis des années. Des hectolitres de béton pour un éco-quartier ultra-dense et aux espaces verts minimaux. Seuls 18% de logements sociaux y sont prévus (33% étaient imposés par l’ancienne équipe municipale) ce qui démontre que ces logements ne sont pas prévus pour les habitants actuels d’Auber, mais pour d’hypothétiques nouveaux arrivants, forcément plus fortunés. Au passage, expulsion opaque d’exilés en procédure d’asile et de personnes en centre d’hébergement d’urgence, pour faire place nette, vendre plus cher et booster la gentrification. Les JO servent ici à justifier l’urgence et l’inéluctabilité de ces projets saccageurs.

Retour sur la manifestation du 17 Avril entre la Mairie et les Jardins

Grâce à l’énergie de toutes et tous, cette manifestation a été un succès en terme de mobilisation. Le collectif de défense des jardins, le collectif saccage2024, les brigades de solidarité populaires Aubervilliers-Pantin, XR Pantin, Youth For Climate IDF, le MNLE 93, ainsi que de nombreuses personnes indépendantes ont contribué à l’organisation sur le terrain et aux appels sur les réseaux. Autour d’un millier de personnes étaient présentes. Ce fut une manifestation déguisée, festive, familiale, musicale et autonome. Plusieurs groupes indépendants y ont amené leur propre touche (banderoles, masques, batucadas, dragon, crapaud, infokiosque, opération antipub en amont, etc..).
Cependant, ce côté festif et familial, ajouté peut-être aussi à l’horaire matinal, ont laissé l’impression d’un manque de dynamisme sur les slogans chantés. Manif joyeuse et peace donc, mais à l’énergie peu offensive. Ce manque de slogans fait qu’il est probable que les passant.e.s n’aient pas toujours compris de quoi il s’agissait. Les luttes autres que celles des jardins ont eu une faible visibilité (contre les processus de gentrification, contre les aménageurs, contre la destruction du parc Georges Valbon, des terres de Saclay, contre les JO et le Grand Paris, contre l’éco-quartier du fort d’Aubervilliers, etc.). La manifestation s’est terminée par une chaîne humaine, autour et dans les jardins, une barricade symbolique a été posée sur la porte par laquelle rentrent les engins, et les gens ont pu pique-niquer ensuite sur les parcelles menacées de destruction.

Tambouille interne :

Fait remarquable, quelques membres du bureau de l’association qui gère les jardins ouvriers (distincte du collectif de défense), se sont opposés à ce que les manifestants poursuivent le rassemblement dans les jardins. Il se trouve que le président de l’association est contributeur du blog « riposte laïque », groupuscule d’extrême droite. Cet honnête homme a été jusqu’à écrire à la préfecture pour demander d’empêcher l’entrée des manifestants dans les jardins. Les forces de l’ordre ne l’ont pas suivi, peut-être du fait du grand nombre de personnes présent.e.s. Il a ensuite cherché à empêcher physiquement des jardinier.e.s de pénétrer sur leur propre parcelle, mais a été écarté. Pour contextualiser tout ça, il faut comprendre que de nombreux jardiniers restent passifs face aux menaces de destruction. Ils sont souvent retraités, certain.e.s ne maîtrisent que partiellement le français, et ne se sentent pas facilement légitimes à contester. D’autres sont simplement résigné.e.s face au grand capital qui arrive avec ses JO et ses plaquettes marketing vendeuses. Tout ça laisse le champ libre à des serviteurs volontaires ou involontaires qui leur facilitent le travail.

L’actualité des aménageurs et des élus :

Pendant ce temps, Grand Paris Aménagement (GPA) a dépensé des dizaines de milliers d’euros d’argent public pour que l’agence de communication Publicis leur produise des éléments de langage (« toolkit de crise », [1]), par peur d’un « déficit d’image » ou comment dépenser toujours plus d’argent public pour justifier l’inacceptable. Ces éléments ont été repris dans le journal municipal par la Maire K. Franclet. Publicis a également fait la liste des associations, journalistes et militants opposés au projet, comme de petits barbouzes disciplinés. En parallèle, des dossiers sortent, avec des faits de racisme et de sexisme à la Solideo (société de livraison des ouvrages olympiques) qui ont été couverts par la direction [2], et des accusations de corruption pour P. Ollier, responsable du grand Paris [3].

Amiante partout, autorisation nulle part.

Les premiers engins sont arrivés sur les jardins le 12 Avril pour déménager les cabanes de jardins expulsables, déplacer et tronçonner des arbres, et établir le périmètre du futur chantier. Les plus gros arbres, qui sont les plus anciens, ne sont pas déplaçables et doivent être sacrifiés, ce qui montre l’absurdité et la bêtise du système de compensation. À partir du 3 mai était prévue la destruction de toutes les cabanes restantes.
Mais des jardinier.e.s ont constaté que les ouvriers manipulaient des plaques d’amiante sans protection, et les jetaient avec le tout-venant, sans mesure de tri. L’inspection du travail a été alertée et a fait une visite de contrôle. Camille Vienne-Thery, responsable du projet pour GPA, ainsi que les sociétés Urban Eco et Pian vont devoir arrêter leurs travaux et se mettre en conformité. Cet arrêt pourrait être de plus d’un mois [4]. Des questions se posent : GPA était-il au courant de la présence d’amiante et a-t-il volontairement cherché à contourner la procédure d’évacuation ? La société Pian a-t-elle les autorisations pour ce genre de manipulation ? Par ailleurs, des morceaux d’amiante ont été dispersés dans les allées. La santé des jardinier·e·s a-t-elle été mise en danger ?
Cet arrêt provisoire est une première petite victoire car on sait que les délais pour les JO sont très contraignants et que chaque semaine perdue dans le planning est une grosse épine pour l’aménageur. L’urgence, pourtant, reste. Les arbres sont toujours sous la menace d’une autre société (l’entreprise Lelièvre). Nous allons donc rester extrêmement vigilant·e·s dans les semaines qui viennent.

Et autour ?

Les jardins et leurs jardinier.e.s ne sont pas les seul.e.s à être menacé.e.s d’expulsion par GPA sur le périmètre de la zone d’aménagement concertée (ZAC du fort). De l’autre côté du fort, les habitant.e.s des tours dites « gendarmes » (car elles hébergeaient ces derniers jusqu’en 2015) sont en attente d’une expulsion imminente. ADOMA gère un centre d’accueil d’exilés en procédure d’asile ( 300 personnes) et les reloge petit à petit, et Caritas gère un centre d’hébergement d’urgence (CHU, lié au 115), dont les 135 habitant.e.s ne savent pas où il.elles vont atterrir car aucune nouvelle ne leur est communiquée par la préfecture. Dans les rénovations de grande ampleur, c’est évidemment ce type d’hébergement qui saute en premier : on considère que les résidents sont beaucoup plus faciles à déplacer. Sur place, les responsables de ces structures ne veulent pas répondre aux questions de leurs hébergé.e.s et semblent ignorer ce qui se passe en toile de fond (ou ne s’en préoccupent pas).
Une première date d’expulsion avait été fixée au 6 Avril pour « la cité Miriam » (celle gérée par Caritas), puis reportée sans autre information. L’attente et l’arbitraire donc. Les villes de Drancy, Montreuil, Villemomble sont citées comme point de chute possible, sans plus de détails. Dans quelles conditions vont-ils.elles être relogé.e.s ? Leur revendication principale est d’avoir des chambres individuelles (comme c’est le cas à présent), et des sanitaires pour 2 ou 3 personnes maximum.
Ces expulsions sont injustifiables car GPA n’a pas pour l’instant de projets à proposer pour ces tours. D’ailleurs l’aménageur ne répond pas aux questions sur ce sujet. Combien d’années les tours vont-elles rester vides après ces expulsions ? Concrètement, faudra-t-il payer des gardiens pour des tours vides mais habitables ? On imagine aisément que la présence de précaires et d’exilé.es abimerait l’image de l’éco-quartier et que les déplacer servira avant tout à vendre plus cher les futurs logements.

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Dans l’optique de continuer à faire connaître les jardins, mais aussi pour se défendre et s’organiser contre l’ensemble des agressions, des collectifs réunis proposent des ateliers tous les jours à partir de 14h. On parlera de résistance et on imaginera un avenir favorable pour les jardins, mais on fera aussi de la permaculture, on discutera de plantes sauvages comestibles, et des valeurs du sport. Un chantier de construction participatif est également prévu. Le programme est là, vous pouvez y contribuer : t.me/Jardinsadefendre

Venez, participez et organisons ensemble la suite de la bataille !!

Notes

[1https://www.mediapart.fr/journal/france/140421/jo-2024-l-amenageur-public-se-paye-les-services-de-publicis-pour-gerer-un-risque-d-image

[2https://www.mediapart.fr/journal/france/180421/jo-2024-des-accusations-de-propos-racistes-et-misogynes-creent-une-crise-interne

[3https://www.mediapart.fr/journal/france/160421/une-plainte-d-anticor-vise-patrick-ollier-president-du-grand-paris-et-maire-de-rueil-malmaison

[4https://www.lemediatv.fr/emissions/2021/exclusif-jo-paris-2024-alerte-a-lamiante-GnLwy6tvSVCkHRTi53ixVA

La justice administrative suspend les travaux à l’aire des vents

Travaux suspendus, et ça tombe bien !
La Cour d’appel de Paris a suspendu temporairement les travaux du village des médias en Seine-Saint-Denis.

  • Ça tombe bien, car ce village des médias est une opération de la SOLIDEO pour pouvoir offrir ces hectares de domaine public aux promoteurs et bétonneurs.
  • Ça tombe bien car pour une fois, la justice donne un petit temps de répit aux espèces qui vivent dans le parc, et aux habitant-e-s des alentours qui sont privé-e-s de cet espace de respiration et de pratique sportive.
  • Ça tombe bien, car bétonner un parc public et gentrifier agressivement, c’est pas la chose à faire, surtout en pleine pandémie et quand le dérèglement climatique menace particulièrement les zones urbanisées.
  • Ça tombe bien, car ça nous laisse du temps pour nous mobiliser … la bataille est loin d’être finie !

Pour en savoir plus :

JO-2024 : la justice administrative suspend les travaux du village des médias en Seine-Saint-Denis

Article Le Parisien du 06 avril 2021

La justice administrative a suspendu, ce mardi, en référé, les travaux du village des médias des Jeux olympiques de Paris-2024, prévu sur l’Aire des Vents, à Dugny (Seine-Saint-Denis), selon une information de l’AFP.

Le projet contesté consiste en la réalisation d’ un nouveau quartier de 1-300 logements, dont 700 seront livrés en 2024, pour l’hébergement des journalistes le temps des compétitions.

La Cour administrative d’appel de Paris a plus précisément suspendu une partie de l’autorisation environnementale délivrée en novembre 2020 par le préfet de Seine-Saint-Denis. « Il est enjoint à la Société de livraison des ouvrages olympiques de donner instruction à ses co-contractants afin qu’ils cessent tous travaux », a-t-elle indiqué dans son ordonnance.

Un tiers du site avait été déclassé du domaine public et vendu le 10 décembre dernier par le département au profit de la Solideo, la Société de livraison des ouvrages olympiques, pour 6,9 millions d’euros.

«Un corridor écologique naturel »

Une décision considérée par les défenseurs de l’environnement comme une « amputation » du parc départemental Georges-Valbon, situé en bordure. L’Aire des Vents est considérée par les défenseurs de l’environnement comme un « corridor écologique naturel ».

L’antenne locale du Mouvement national de lutte pour l’environnement (MNLE 93) et plusieurs regroupements d’habitants avaient déposé fin décembre un référé-suspension devant la cour administrative d’appel de Paris, instance compétente pour les contentieux liés aux JO 2024.

« On a opté pour une procédure d’urgence, qui accompagne un recours au fond en annulation du déclassement et de la cession des terrains », précisait à l’époque Me Pierre Heddi, l’avocat des opposants. Début février, la justice administrative avait rejeté leur pourvoi.Newsletter L’essentiel du 93Un tour de l’actualité en Seine-Saint-Denis et en l’IDF

MNLE 93 et le Collectif pour le Triangle de Gonesse ont alors déposé un nouveau recours. Ces organisations, accompagnées dans leur démarche par 36 personnes, riverains et usagers du parc, avaient doublé cette procédure d’un référé-suspension, qu’un juge des référés a approuvé ce mardi.

Ce dernier a estimé que l’arrêté préfectoral visé, dans la dérogation qu’il accorde à l’interdiction d’atteinte à des espèces protégées, ne satisfait pas en l’état les dispositions du Code de l’environnement.

Contactée par l’AFP, la Solideo n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat.

Pétition : Sauvons les berges de l’Île Saint Denis !

Monsieur Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis,

 Monsieur Mohamed Gnabaly, maire de l’Île-Saint-Denis,

 Monsieur Mathieu Hanotin, président de Plaine commune,

 Monsieur Laurent Hénart, président de VNF,

 Madame Barbara Pompili, ministre de l’Ecologie

 Nous avons appris il y a quelques semaines que 15 arbres sont menacés d’être coupés, 10 quai du Chatelier à l’Île Saint-Denis et 5 sur le quai de Saint-Ouen, de l’autre côté de la Seine à Saint-Denis, en raison de la construction de la future passerelle sur la Seine devant relier les deux parties du village des athlètes.

Cette aberration est d’autant plus difficile à comprendre qu’il a été planifié de couper 10 arbres sur plus de 60 mètres pour une passerelle d’une largeur de 16 mètres utiles.

Ces platanes sont là depuis aussi loin que s’en souviennent les plus anciens habitant.e.s de l’Île – autant dire qu’il est fort vraisemblable qu’ils soient centenaires. A minima, ils participent de l’histoire de la commune. Le département de Seine-Saint-Denis leur avait d’ailleurs bien reconnu leur place : lui qui veut les couper en 2021 les avait classés comme arbres remarquables dans son plan Canopée en 2020 .

De plus, l’engagement n° 10 de ce même plan Canopée introduit précisément « une protection ciblée des plus beaux alignements et arbres isolés », s’engageant à « renforcer leur protection ». Donnant l’exemple d’ « un alignement majestueux de platanes le long d’une route départementale », il souligne combien « cette diversité et la richesse du patrimoine arboré de la Seine-Saint-Denis suscitent l’admiration et la curiosité », que « protéger ce patrimoine bio-culturel d’exception est essentiel pour la qualité du cadre de vie du territoire ».

Les engagements du Département n’auraient-ils qu’une année de durée de vie !?

Comme le souligne la déclaration des droits de l’Arbre d’avril 2019 : « Certains arbres, jugés remarquables par les hommes, pour leur âge, leur aspect ou leur histoire, méritent une attention supplémentaire. En devenant patrimoine bio-culturel commun, ils accèdent à un statut supérieur engageant l’homme à les protéger comme ‘monuments naturels’. » C’est à la fois ce patrimoine, la beauté de nos berges et des êtres y vivant qu’il faut préserver, ainsi que l’atout qu’ils représentent dans la lutte contre la crise climatique et pour garder une île fraîche face au réchauffement.

Rien ne vaut de vieux arbres pour abriter la biodiversité des espèces faunistiques et offrir de l’ombre, rafraîchir l’atmosphère, voire filtrer la pollution. La replantation de jeunes arbres est une compensation symbolique.

L’arbre est une pièce essentielle de notre patrimoine. S’il nous faut construire, aménager, faisons-le en l’intégrant, non en le détruisant.

Depuis un an ont eu lieu de nombreux abattages qui tendent à concentrer la nature dans les espaces protégés du nord de l’Île et à l’éliminer du reste de la commune. La vie végétale est très peu présente dans les nouvelles constructions comme… l’éco-quartier. L’Île Saint-Denis perd, avec ses arbres, son caractère d’oasis, de village végétal :

  • 10 arbres abattus quai du Moulin prolongé en avril 2020,
  • 3 platanes abattus rue Louis Bouxin, en décembre,
  • 5 arbres menacés quai de Seine en face de la mairie,
  • 4 n’ont jamais été replantés au niveau de la cité du Bocage, 3 sur le parking de la Poste.

Nous nous inquiétons également du devenir des autres platanes le long du quai du Chatelier avec la construction d’une piste cyclable jusqu’au pont de Saint-Ouen.

De plus, ce nouveau projet de coupe contrevient clairement à l’article L350-3 du Code de l’environnement qui institue la protection, la conservation, le maintien et le renouvellement des « allées d’arbres et alignements d’arbres qui bordent les voies de communication » car constituant « un patrimoine culturel et une source d’aménités, en plus de leur rôle pour la préservation de la biodiversité ». De ce fait, « le fait d’abattre, de porter atteinte à l’arbre, de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l’aspect d’un ou de plusieurs arbres d’une allée ou d’un alignement d’arbres est interdit » sauf s’ils sont malades ou représentent un danger, ce qui n’est pas le cas. Si des dérogations peuvent être accordées par l’autorité administrative compétente pour les besoins de projets de construction, à notre connaissance cette dérogation n’existe pas, pas plus que les « mesures compensatoires locales, comprenant un volet en nature (plantations) et un volet financier destiné à assurer l’entretien ultérieur » prévues par la loi.

C’est la raison pour laquelle nous demandons un moratoire sur toutes les coupes :

  1. tant qu’il n’y a pas eu de réunion publique pour expliquer en quoi ces coupes sont nécessaires,
  2. tant que des études proposant des solutions alternatives ou des coupes moins nombreuses n’auront pas été présentées, un urbanisme prenant en compte les arbres n’est pas impossible,
  3. tant que n’auront pas été replantés les arbres quai de Seine et rue Louis Bouxin,
  4. tant que n’aura pas été programmée la replantation d’au moins 3 arbres pour 1 coupé (en plus des plantations déjà prévues), conformément à l’engagement n° 7 du plan Canopée départemental, dans un rayon de moins de 150 mètres de l’ancienne coupe, dans le cadre d’un plan de plantation en lien avec les enjeux climatiques : aujourd’hui 23 sont seulement prévus.
  5. tant que VNF, le département, Plaine commune et la commune de l’Île Saint-Denis ne se sont pas engagés à :

 * abandonner les coupes drastiques et très espacées au profit d’un entretien régulier, en douceur et à la bonne saison,

 * à informer les habitant.e.s avant les travaux, dans le journal municipal, sur les réseaux sociaux et par affichage sur les arbres concernés, au moins trois mois avant, pour permettre une contestation de leur part dans le cadre d’un processus de dialogue participatif,

 * signer la déclaration des droits de l’Arbre d’avril 2019.

 Les enjeux sont d’importance, le développement du Grand Paris ne doit pas se faire au détriment du cadre de vie et de l’écologie urbaine de nos quartiers prioritaires où la population est éloignée du végétal.

Rien ne vaut un arbre cinquantenaire pour la biodiversité, limitons les dégats ! Soyez cohérents avec vos discours, pour nos futurs et notre présent.

CLIQUEZ ICI POUR SIGNER !

L’Île Saint-Denis, un écoquartier pas si éco !

L’Île Saint Denis est une petite commune du 93. Sur une partie de l’île devrait atterrir une partie du futur « Village des Athlètes », nommée sympathiquement « écoquartier fluvial de l’Île Saint Denis », sous maîtrise d’ouvrage de la SEM-Plaine Commune Développement. Nous partageons dans cet article des points d’alertes ou d’inquiétudes issues d’observations menées par la vigie citoyenne Île Saint Denis.

Sur l’île St-Denis plusieurs années de chantiers doivent aboutir à :

  • 22 hectares (soit 28 terrains de foot:) aménagés sur une ancienne friche
  • 300 logements familiaux dont 90 logements sociaux et 26 en Accession sociale – CAPS
  • 126 studios étudiants + un restaurant
  • un hôtel Accord Hôtel de 135 chambres
  • une base nautique + un restaurant géré par la fondation Léo Lagrange
  • une Cité des Arts gérée par le 6B, Sinny & Ooko et Legendre XP
  • un immeuble de 8 étages de bureaux (10 000 m²) destiné à l’économie dite « fluviale ».
  • un petit parc public de 1,5 hectares, sous une autoroute (la fameuse A86)

Les petites et grandes sources d’inquiétude identifiées pour le moment

Nous vous invitons à participer à toutes les recherches et documentations qui vous tiennent à cœur, afin de préciser et étayer nos recherches, rendez vous sur notre forum.

  • Une densification subite inappropriée :Si l’Ecoquartier Fluvial-EQF aurait été de toute façon construit, avec ou sans les JOP, cela accélère sa construction et ne présage aucunes garanties quant à l’attribution du label définitif d’écoquartier, 3 ans après sa livraison (2026 et 2029).
    La maîtrise d’ouvrage par Plaine Commune, alors que le reste du Village des Athlètes est sous MO Solideo, met un peu « à part » le mode consultatif (absent) et la communication des chantiers. La charte de la SEM Plaine Commune promet un prix de vente en 2026 maîtrisé à 3500€/m² alors que c’est déjà le prix de l’ancien en 2020 et que le neuf se vend à plus de 4000€.

    Comme partout, c’est une densification d’un bloc, sur un territoire déjà saturé : les routes, la mairie et les services ne peuvent déjà pas faire face aux besoins actuels de la ville (poste, CCAS, écoles, médecins, commerces, services jeunesse et sports, police, circulations et stationnement…). Pourtant, les élus locaux se félicitent d’accueillir 1000 habitants et 500 travailleurs ou visiteurs en plus.

    Dans quelles conditions ?
  • L’augmentation des inégalités urbaines : 
    Pourquoi continuer de saccager nos territoires en agglutinant des gens sans accompagner et faciliter le vivre ensemble ? La phase 1 de l’EQF, déjà livrée, révèle bien des déceptions pour ses habitants : quartier isolé, entre-soi, stigmatisation et cambriolages, géothermie représentant un coût trop important pour les ménages, rejet des logements sociaux, malfaçons des bâtiments, ilôts de chaleur, problèmes de stationnement
    Tous les bâtiments ont déposé des recours contre leur promoteur. Et pourtant, il faudra construire encore plus vite ceux de 2024 !

    Les bâtiments seront d’une densité inappropriée à l’île, très serrés, de 30m de haut faisant disparaître le lien à la Seine, à l’horizon.
    Ils sont construits de plus en plus proche de l’autoroute 86, exposés aux microparticules et nuisances sonores. Le mur anti-bruit n’étant pas prévu sur la Seine, le couloir de bruit, ni sur le versant Nord de l’A86.
    Qui ira vraiment faire un pique-nique ou jouer avec ses enfants dans un parc sous une autoroute ? 

    Ces transformations très rapides vont vraisemblablement augmenter les tensions sociales déjà visibles entre les quartiers. 
    La solution que propose la ville, outre le fait d’orienter les nouveaux habitants vers Pleyel et St-Ouen, est la vidéo-surveillance, qui sera accrue pendant la phase JOP et doublée de sociétés privées de sécurité, de drônes et probablement de reconnaissance faciale pendant les jeux.

    Est-ce que ces Jeux Olympiques et Paralympique seront vraiment bénéfiques pour notre jeunesse ?
    On sait déjà que les promesses de création d’emploi sont à nuancer fortement.
    Le département est déjà très touché par le trafic de drogue et la prostitution, on sait que les JO viennent accentuer ces phénomènes : quel accélérateur d’Histoire voulons nous ?
  • Un héritage incertain:
    Cela laissera en héritage des lieux publics gérés par des sociétés/fondations privées : Cité des Arts, base nautique. On attend de connaître les conditions de locations et d’abonnements et espérons que les habitants pourront y accéder gratuitement et librement. On regrette aussi que les milliards des JOP ne permettent toujours pas l’aménagement d’une piste cyclable pour les 2/3 de la ville, alors qu’elle en prévoit une nouvelle qui reliera l’Ecoquartier Fluvial au centre-ville, à St-Ouen et Pleyel. On ne pourra toujours pas se rendre au collège ou au Parc Départemental à vélo en sécurité.

    On a déjà relevé des conflits d’intérêts des marchés publics : les entreprises ESS proches du maire sont partenaires des JOP, le promoteur Legendre Construction est mécène du Festival de St Denis, Dubrac BTP directeur de Plaine Commune Entreprise et de l’Office de tourisme, sa femme directrice du syndic SabImmo qui gère l’écoquartier fluvial Phase 1 et présidente de la Chambre du Commerce et de l’Industrie 93…
  • L’altération des milieux vivants de nombreuses espèces :
    L’île est située en plein couloir migratoireentourée par le fleuve et proche des zones de conservation « Natura 2000 ». Dans cette zone où les écosystèmes sont déjà malmenés par l’urbanisation, les friches de végétations spontanées abritaient des espèces dont certaines protégées : hérisson d’Europe, martin pécheur, héron cendré, grand cormoran, pipistrelles. Le rapport de Risques effectué par la Solidéo les mentionne correctement. 

    Mais qu’importe…
    Plusieurs hauts immeubles entièrement vitrés sont prévus (et un déjà livré), les vitres sans teinte ou sérigraphies sont des pièges sur lesquelles les oiseaux s’écrasent. (cf ASPAS).

    Quant aux arbres presque centenaires, ils sont considérés comme des poteaux, contraignant l’urbanisation. Ce sont 10 platanes historiques des berges, classé au Plan Canopée départemental 2020 comme « alignement remarquable » qui sont abattus sur 100m pour faire passer une passerelle piéton-bus de 16m afin d’aller prendre le métro à Pleyel en 2026 (et de permettre aux athlètes d’aller à leur cantine). Principal argument de vente des logements : « à 15 minutes de Pleyel ». La rue centrale de l’EQF est trop étroite pour la croissance de grands arbres, refuge de la biodiversité, ce seront donc des essences gardées « mini » qui seront plantées, créant une ombre de piètre qualité et perpétuant les îlots de chaleurs déjà présent dans l’EQF, et puis… la vue sur Seine vaut plus cher que des arbres qui la cache. 

    Le fleuve est traité comme un simple « objet » dont on pourrait disposer, au mépris de la vie des écosystèmes des fonds de rivières, point de départ de la biodiversité tant chérie dans les discours. Malgré les promesses des Voies Navigables de France (VNF) les poissons risquent une asphyxie lors des travaux de dragage visant à élargir le chenal de navigation du petit bras de Seine (pour permettre le croisement des barges sur toute la longueur de l’île). Le raclage de 15 000 m3 de boues sédimentaires est annoncé pour avril-novembre 2022, soit en pleine période de ponte, sans que rien ne soit précisé quant au traitement des sédiments pollués (seront-ils juste déversés ailleurs ?). 
    On pointe aussi le risque de fragilisation des berges non empierrées (quai du Moulin et parc Départemental), le déplacement de quelques bateaux-logements qui habitaient les bords du fleuve et une belle dose de techno-surveillance : contrôle de la navigation par vidéosurveillance et drone (annoncée par VNF).

    Un « compostage » des gravats de béton pour « nourrir la terre ». C’est bien ce qui est annoncé : les gravats de béton seront réduits en poussière pour ensuite être réintégrés dans des sols et digérés. Bonne nouvelle ? Cela pourrait constituer une expérience intéressante si le volume de béton à digérer était approprié aux 9 mois annoncés, les champignons risquent l’indigestion ! Il n’existe aucune expérience au long court qui permettent de s’assurer que la végétation future se plaira dans ces terres ainsi nourries. Est-ce vraiment la solution zéro-carbone adéquate ? Combien d’énergie dépensée pour réduire du béton en poussière « digérable » plutôt que le recyclage habituel des gravats dans du béton de construction ? 
    Pourquoi avoir mise en attente la terre de surface végétale, sous bâches, plutôt que de régénérer sur place, durant 4 ans, les futures terres du parc urbain ? 
    D’autant que la Solidéo est prudente et annonce, si l’expérience ne fonctionne pas, de ramener de la terre végétale.. mais par voie navigable, impact zéro-carbone oblige !

    Si l’EQF représente le point le plus haut de l’île (+31m), une interrogation survient tout de même à la vue de RDC pleins, contraignant les éventuelles futures montées et retrait des eaux
    Les dalles fondatrices ont été calculées à partir de la hauteur de crue de 1910 (+28,6m), là où plusieurs spécialistes concordent à dire que la crue centennale sera plus haute qu’en 1910 du fait de l’urbanisation et ce, malgré les bassins de rétention en amont de Paris. 

Dans tous les cas, c’est bien le cadre de vie de tous les habitants qui va être altéré par cette densification subie et subite dans un territoire saturé et de logements et services ne répondant pas vraiment aux besoins de la majorité des habitants actuels.

On aurait pu espérer d’une ville écologiste qu’elle propose de nouvelles manières, sociale et écologique, de « produire la ville ».

En février 2021 :
-aucun visuel ni concertation publique sur le parc paysager sous l’A86, agence Volga.
-Aucun visuel ni concertation publique sur l’aménagement des berges de l’île, agence Volga.
-Projet de la passerelle non communiqué clairement
-Projet de la centrale de mobilité n°2 non communiqué clairement

A CREUSER : On continue la veille !
N’hésitez pas à écrire au collectif « Vigie Île Saint Denis » ou à saccage 2024 pour partager d’autres informations sur les sujets qui vous intéressent
– la notion de « rentable a subventionner en architecture », et autre enquête sur les architectures prévues (quels coûts à long terme ? quid des structures en bois ? est-ce encore des bâtiments à « obsolescence programmée » qui seront moins chers à détruire qu’à rénover ?)
– la poursuite de l’urbanisation au nord de l’A86, après les JO, communiquée sur internet (EQF Philippon et Kalt), la mairie s’était pourtant engagée à ne plus urbaniser.
– les emplois dans l’ESS, qui ont la part belle dans les emplois créés : on espère qu’ils vont durer !
– … etc.

Le Flyer du collectif « Vigilance citoyenne de l’Île Saint Denis » :

Pour suivre ceux et celles qui se mobilisent :

La Vigie Citoyenne de l’Île Saint-Denis, par mail, ou sur le Forum !

 

 

Pour plus d’infos:
Voir nos articles sur ce sujet.